Je n’ai jamais fait affaire avec un agent immobilier puisque je n’ai jamais été propriétaire. Je suis un locataire éternel et je m’assume. Quand votre tempérament vous oblige à déménager à tous les deux ans ou presque, vous faites une croix sur la maison. Trop compliqué.
Mais comme tout le monde, je vis dans un environnement de propriétaires. J’échange avec eux, je les aide parfois dans leurs travaux, j’écoute leurs doléances.
Si l’un d’entre eux parle de vendre sa maison pour en acheter une autre, la question à cent piastres revient sur la table. Dois-je passer par un agent immobilier ou non? Et voilà le débat relancé!
Reste loin des agents, dit l’un, toute une gang de bandit!
N’hésite même pas, dit l’autre, c’est fou le temps que tu vas gagner avec un agent à tes côtés!
D’abord, j’ai commis une grosse erreur déjà. Le terme agent immobilier n’existe plus. Depuis que la nouvelle loi sur le courtage immobilier est appliquée, on dit courtier immobilier au lieu d’agent. Le type ou la femme qui vend votre maison est un courtier immobilier.
Les bannières pour laquelle l’homme ou la femme travaille (La Capitale, Royal Lepage et les autres) sont désormais désignées par le terme agence immobilière, et non plus courtier immobilier.
Pourquoi une nouvelle loi? Là, je sens que je vais plaisir à ceux et celles qui n’aiment pas les agents immobiliers. On a conçu une nouvelle loi pour faire le ménage parmi les agents.
Oups! Les courtiers je veux dire!
Le communiqué de presse émis par le bureau du ministre Raymond Bachand lors de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi commençait par la phrase : « La protection du public est au cœur de la nouvelle Loi sur le courtage immobilier dont l’entrée en vigueur se fera le 1er mai 2010 ».
L’énoncé est lourd de conséquence. J’ai sursauté en lisant les mots « la protection du public ». Le moment est grave.
J’ai continué à lire: « Pour la plupart des Québécois, l’acquisition d’une résidence est l’investissement le plus important qu’ils feront au cours de leur vie. Il est donc primordial de les protéger par une réglementation adéquate, laquelle, par ailleurs, ne doit pas constituer un frein au développement du secteur. »
Remarquez le mot l’usage du mot « protéger » encore une fois.
« Ainsi, une nouvelle entité, l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), remplacera désormais l’Association des courtiers et agents immobiliers du Québec (ACAIQ). Cet organisme, dont l’unique mission sera de protéger le public, pourra compter sur un renforcement des mécanismes du syndic, du comité d’inspection et du comité de discipline. »
Remarquez une fois de plus l’expression « protéger le public ».
« Au terme d’une vaste consultation et de travaux rigoureux, l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, le 1er mai, permettra d’alléger la réglementation et de doter l’industrie du courtage immobilier d’un encadrement moderne, pratique et efficace. Mais, en bout de piste, la nouvelle loi assurera surtout une meilleure protection au public, et j’en suis très satisfait », terminait le ministre Bachand.
L’expression « protection du public » revient une fois de plus.
« Cette nouvelle loi prévoit également l’obligation pour les courtiers et les agences de détenir une assurance responsabilité en plus d’assujettir les courtiers qui débutent à certaines règles particulières, le temps qu’ils acquièrent l’expérience nécessaire. »
Ça ne prend pas la tête à Papineau pour comprendre que de nombreux abus ont été commis par des agents immobiliers (courtiers maintenant). Beaucoup trop car sinon jamais l’énorme machine gouvernementale ne se serait penchée sur eux.
Dans un excellent article consacré au problème, le journaliste Maxime Bergeron de La Presse m’avait appris que le nombre d’agents au Québec était passé de 13 500 à 17 000 en l’espace de cinq ans. Des gens du milieu réclamaient une discipline plus rigoureuse de leurs collèges de travail. « L’accès à la profession est beaucoup trop facile » déclara l’un d’eux.
Je vous reviens demain.