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Pour en finir avec les agents immobiliers (2)

On s’entend pour dire que, peu importe la profession, il y a les compétents et les pommes pourries. Généralement, les premiers sont plus nombreux que les seconds. Beaucoup plus nombreux. C’est comme ça chez les agents immobiliers, les journalistes, les avocats, les comptables, les psychologues et tous les autres.

Reste que si le gouvernement a jugé de refondre les règlements dans l’industrie immobilière, c’est qu’un problème prenait des dimensions inquiétantes.

D’ailleurs, quand on sonde les gens sur le prestige des métiers et professions, l’agent immobilier se retrouve au bas de la liste avec les vendeurs d’autos et les entrepreneurs en construction…et les politiciens!

La première fois que je suis entré en contact avec un agent immobilier, j’avais 16 ans. Mon père venait de mourir d’un accident sur sa ferme en Mauricie. Ma mère devait vendre la terre. Les acheteurs passaient les uns après les autres. Rien ne débouchait.

Un agent immobilier s’est pointé un beau matin. Moins d’une semaine plus tard, ma mère le foutait à la porte. C’est un peu loin tout ça. Mais si je me souviens bien, elle n’aimait pas sa face. Je me rappelle qu’il m’était antipathique. Sa façon de se présenter, de parler, d’essayer de convaincre. Il avait l’air pressé. Bref, le type faisait « peddler ».

Des années plus tard, ma mère s’achetait une copropriété à Trois-Rivières. Oubliant sa mauvaise expérience, elle contacta un agent. Coup de foudre! Même déménagée, elle recevait l’homme chez elle pour un café le matin. Elle le trouvait de son goût. Il faisait monsieur, m’expliquait-elle.

Récemment, l’une de mes amies essayait de vendre sa maison à Sherbrooke pendant qu’elle s’en faisait construire une nouvelle dans la région. Elle ne voulait rien savoir d’un agent. L’affaire a traîné quatre mois. Comme s’elle est retrouvée avec deux hypothèques sur les bras, elle a commencé à paniquer. À regret, elle a fait appel à un agent par l’entremise d’un ami qui avait fait affaires avec lui.

Le gars a vendu sa maison en une semaine. Heureuse mon amie vous dites? Elle gazouillait!

 « Au début, j’étais très réticente, dit-elle. D’autant plus qu’une dizaine d’agents s’étaient montrés à ma porte à l’improviste, sans compter ceux qui passaient par la poste. Ca devenait fatigant! »

Aujourd’hui, elle n’a que des éloges à faire à l’agent en qui elle a placé sa confiance.

« Il m’informait de chacune des visites de ses clients. Il a été honnête autant envers ses clients qu’envers moi. Il était présent pour tout, même pour la visite de l’inspecteur. Il a accompagné ses clients d’un bout à l’autre.

« Il a fait tellement de démarches pour moi! Il m’a même trouvé un arpenteur pour faire le certificat. 

« Il m’a coûté 9000$ mais il les valait! Toute la paperasse et les tracas que ce gars-là m’a épargné, c’est inimaginable! La seule chose que j’ai eu à faire, c’est de signer les papiers. »

Une précision : mon amie connaît très bien les maisons. Elle fait souvent les travaux elle-même.

L’agent dont elle parle gagne régulièrement des mentions d’honneur dans sa région. Le volume de ses transactions serait colossal et l’agent jouit d’une réputation sans faille.

Mais c’est d’entendre mon amie me raconter la façon de procéder de l’agent qui me surprend.

Un jour, le gars avait trouvé une résidence à une cliente. Sauf que celle-ci s’était aperçue, une fois la transaction réalisée, que la maison n’avait pas de gouttières. Mis au courant, l’agent paya lui-même les gouttières. « C’est mon erreur, je l’assume. »

J’oubliais : l’agent a envoyé une carte de souhait à l’anniversaire de mon amie.

Dans la même semaine où mon amie m’a raconté son histoire, mon patron au bureau m’a raconté la sienne. Mon patron a du sang de joueur dans les veines. Il n’hésitera pas à vendre sa résidence si une offre se présente. Le jour où il a fait appel à un agent fut catastrophique. « Il me volait! » m’a-t-il dit. Je dois vous dire que mon patron n’a pas la langue dans sa poche. « Et je le lui ai dit en pleine face! J’ai déchiré le contrat devant lui et je l’ai crissé à la porte. J’ai appelé un autre agent que quelqu’un m’avait recommandé. Le jour et la nuit avec l’autre. Il est même venu prendre le café chez nous. » 

La morale de l’histoire : il y a les agents passionnés par leur métier et il y a les agents « peddler », pressés de faire du fric rapidement et en grosse quantité.

La nouvelle loi vise justement à éliminer les « peddlers » du marché.

Dorénavant, j’utiliserai le terme courtier au lieu d’agent, comme l’exige la nouvelle loi.