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Le ciel leur tombait sur la tête

Nous sommes à Val d’Or. Ne pouvant plus dormir, Geneviève se lève à l’aurore. Elle saute dans ses pantoufles et marche vers la fenêtre. Elle ouvre le rideau et contemple le ciel. Le jour arrive. Pas un seul bruit. Tout est tranquille. Puis bang ! Un terrible coup de tonnerre. Puis un flash aveuglant dans le ciel. Puis la vitre de la fenêtre éclate. Geneviève porte ses mains au visage en criant. Elle saigne.

Robert se réveille en sursaut. Il a entendu le coup de tonnerre, le bruit des vitres qui éclatent, le cri de Geneviève. Puis, un deuxième bang, un troisième, un quatrième, un cinquième. Un bang par seconde, durant douze secondes.

Robert se précipite dans la salle de séjour. Toutes les vitres de la façade ont éclaté. Il y a des éclats partout sur le sol. Geneviève a le visage en sang. Les enfants pleurent à l’étage. Toute la petite famille saute dans l’auto. Direction hôpital.

Durant le trajet, Robert voit des dizaines de fenêtres fracassées. Il voit des gens sortir des maisons et regarder vers le ciel. Le toit de l’usine devant laquelle il passe tous les jours s’est effondré. Toutes les fenêtres sont brisées.

La salle d’urgence de l’hôpital déborde. La file s’allonge. On voit des visages et des mains en sang. Les yeux d’un vieillard ont été brûlés par l’éclat du flash. Dans les corridors, on parle de l’immense coup de tonnerre. Non, c’était une explosion, corrigent certains. On parle du flash, des bangs qui n’en finissaient plus, des vitres qui se brisaient comme une traînée de poudre.

Facebook est en ébullition. Les textos ne dérougissent pas. Robert apprend que des amis, des parents, des collègues de travail ont subi le même sort que Geneviève.

La famille revient à la maison. Coup de balai sur le plancher et appel téléphonique pour remplacer les vitres des fenêtres. On ouvre le téléviseur. Une émission spéciale est consacrée à la tragédie.

Bilan: 1142 blessés, la plupart par des éclats de vitres. Parmi eux, 258 enfants. Plus de 3000 bâtiments ont subi des dommages: maisons, usines, commerces, à Val d’Or et dans la région. Le lendemain, une quarantaine de personnes seront toujours hospitalisées.

Que s’est-il passé?

Un météore ayant une masse entre 7000 et 10 000 tonnes et mesurant 18 mètres de diamètre a frappé de plein fouet l’atmosphère terrestre. Sa vitesse: 20 kilomètres à la seconde. Le cœur du météore s’est désintégré à une distance d’environ 20 kilomètres de Val d’Or. L’onde libérée par le choc était trente fois supérieure à la bombe nucléaire larguée au-dessus de Hiroshima en 1945.

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Le météore est passé à vingt kilomètres au nord de Val d’Or. L’instant d’après, des milliers de vitres et de fenêtres ont volé en éclats à Val d’Or et aux alentours. Chacun des bang entendus par Robert et Geneviève était provoqué par la désintégration. Des restes du météore (moins de 1%) qu’on appelle météorites ont creusé des cratères à des dizaines de kilomètres de Val d’Or.

Le flash dans le ciel a été vu par des gens d’aussi loin que le Manitoba. Le météore a provoqué des dégâts sur une distance de 90 kilomètres.

Au lit le soir, Robert murmure à l’oreille de Geneviève : «Imagine si le météore avait passé un peu plus près. Notre maison aurait été soufflée.»

Cette histoire fictive a été calquée sur celle de la ville russe de Tcheliabinsk (nom français), frappée par le passage d’un météore le 15 février 2013. Voir une photo de l’événement sur Wikipedia anglais Chelyabinsk (nom anglais).

Référence: Wikipedia français à l’article Le météore de Tcheliabinsk

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