PUBLICITÉ

Le caricaturiste de Charlie Hebdo et nous

On connaît l’histoire. Le massacre chez Charlie Hebdo à Paris mercredi dernier, les deux prises d’otages, les morts, la manif historique.

Charb 2009. Photo Ji-Elle Wikipedia.
Charb 2009. Photo Ji-Elle Wikipedia.

L’onde de choc derrière, je me suis dit un beau matin qu’il serait bon que je creuse un peu pour savoir qui étaient vraiment les caricaturistes de Charlie Hebdo. Tout à coup, un flash! Un souvenir flou remonte à la surface. Quelque chose de drôle, de léger, de savoureux. Je me suis rué sur le clavier et le flash s’est avéré vrai.
Sans le savoir, j’avais déjà lu l’humour cinglant du caricaturiste Charb, l’une des victimes de Charlie Hebdo. Tenez, je gage que plusieurs d’entre vous affirment ne pas avoir connu Charb. Vous vous trompez comme je me suis trompé. Du moins, les fidèles de ce blogue.
En avril 2013, j’avais fait un compte rendu d’un livre, Petit traité d’intolérance. J’avais écrit deux billets pour la section décoration. Les titres? Mort aux décorateurs de resto (c’est le titre d’un chapitre) et Mort au bleu lavande. Mon cœur a fait un tour quand je les ai retrouvés et que j’ai lu les mots: Charb, journaliste et dessinateur satirique français et directeur de publication à l’hebdomadaire Charlie Hebdo.

Dans son bouquin, Charb tournait en dérision les décorateurs de restos qui avaient recours à des clichés pour attirer la clientèle: paysages marins dans les restos dont la spécialité est le poisson, l’Acropole ou les maisons blanches aux volets bleus dans les restos grecs et ainsi de suite.

Je cite Charb: «Le boui-boui infâme, le McDonald’s standardisé, l’auberge bourgeoise ou le restaurant le plus raffiné ont tous un point en commun frappant: le mauvais goût de la déco. Combien de fois avez-vous dû plonger le nez dans votre auge pour échapper aux ignobles croûtes qui recouvrent les murs?» L’homme était plutôt direct, comme en fait foi la phrase suivante pour désigner ces décorateurs: «Des peintres du dimanche, des tocards du pinceau, des ratés du fusain.»

Je vous laisse le soin de lire le reste du billet pour saisir la personnalité de l’homme. Certains le vénéraient, d’autres se montraient indifférents. Force d’admettre par contre qu’il avait un style bien à lui.

Le deuxième billet évoque les propos dévastateurs de Charb contre l’image marketing des maisons de la Provence. L’un d’eux décrit avec exactitude les conditions du marché immobilier de ce coin de la France, mais sur un ton hyperbolique. «Dans cette région, toute bouse de vache sur laquelle il est possible de planter un piquet de toile de tente devient un terrain hors de prix», écrit Charb.
Encore ici, je vous laisse lire le reste du billet. C’est savoureux et imagé.

Mis à part ces chapitres sur la déco et l’immobilier, Charb s’en prend dans son bouquin à plusieurs travers de la société française: les jeunes pères, ceux qui rentrent de l’Inde, les dessins d’enfants au bureau, les festivals, les journalistes sportifs, les détergents, les croissants au beurre et bien d’autres sujets.

Ciao Charb!

Référence: Petit trait d’intolérance, Charb, éditions Les Échappés, 2009,  125 pages

Photo de Charb en 2009 par Ji-Elle sur Wikipedia GNU Free documentation