PUBLICITÉ

Des squatteurs dans la maison!

iStockphoto LP
iStockphoto LP

Des pouilleux, des crottés, des anarchistes, des fainéants, des parasites! Foutez-moi ça en prison! Aucun respect pour la propriété d’autrui! Ah, si j’étais juge!

C’est le genre d’insultes que les moins tolérants d’entre nous tiendraient si, de retour chez eux après une longue absence, ils arrivaient face à face avec une poignée de gars et de filles, confortablement installés dans la salle de séjour où ils auraient élu domicile.

Ne reste qu’à appeler les policiers pour les déloger. Que faisaient ces gens? Ils squattaient.

Rassurez-vous, cela ne risque pas de vous arriver. Les squatteurs préfèrent les bâtiments abandonnés: entrepôts, boutiques, usines. Parfois des résidences, c’est vrai.

Le hic est que les bâtiments, même abandonnés, appartiennent souvent à quelqu’un.

Le squattage existe depuis la nuit des temps. Et ils sont des millions sur la planète à habiter un espace qui ne leur appartient pas ou pour lequel ils ne paient aucun loyer.

Certains squattent parce qu’ils sont trop pauvres pour se payer un logement. Eux le font par nécessité. Ils sont –et de très loin-  les squatteurs les plus nombreux de par le monde.

D’autres squattent pour sauver un immeuble qu’on veut démolir. Récemment on vous dévoilait l’histoire du squat artistique le plus célèbre du monde: le centre Tacheles à Berlin. L‘objectif premier était de préserver l’immeuble. Les squatteurs ont gagné.

D’autres le font pour exprimer leur écoeurement face au système capitaliste. Ce sont des anarchistes des socialistes, des communistes. Souvent, ils transforment le bâtiment en centre culturel pour y diffuser de l’art alternatif, comme ce fut le cas au centre Tacheles.

Les squatteurs se commettent sur tous les continents. La plupart des pays n’y échappent pas. Même la Suisse qui lave plus blanc que blanc a abrité des squatteurs.

En Islande, île réputée pour son conservatisme et sa tranquillité, une quinzaine de squatteurs se sont emparés d’une habitation maison pour s’y installer et démarrer une maison d’éditions musicales. Cinq jours plus tard, une soixantaine de policiers les ont délogés. C’était après l’effondrement du système bancaire en 2009.

En Italie dans les années 60, des squatteurs ont envahi une ville quasi abandonnée depuis le tremblement de terre de 1887. Ailleurs en Europe, on squattait des villages.

En Slovénie, des baraquements militaires ont été investies par des squatteurs  Dans les environs de Barcelone, ce fut un ancien hôpital.

En Égypte, des squatteurs vivent par milliers dans la Cité des morts au Caire, un cimetière en soi.

Vers 2007, Barcelone comptait environ 200 maisons squattées.

Selon BBC, la Grande-Bretagne abritait quelque 20,000 squatteurs en 2011.

Laissons les statistiques. Parlons de l’organisation.

En Grèce, les squatteurs ont leur propre site internet, leur blogue et leur forum de discussion. Ils ouvrent même leurs portes au public.

En Australie, un festival de film consacré au squattage se déroule chaque année à un endroit squatté.

En Europe, de squatteurs mettent la main sur des édifices afin d’accueillir des groupes de musique alternative de passage dans la ville.

Mieux: des spécialistes du squattage donnent des conférences un peu partout dans le monde.

Certains pays ont assoupli leurs lois.

En 2003 en Australie, une dizaine de personnes ont squatté un vieil incinérateur et le geste fut considéré comme légal.

Aux Philippines, on fait la différence entre les squatteurs poussés par la pauvreté et les squatteurs professionnels dont l’objectif est de faire un profit.

Aux Pays-Bas, la Cour Suprême a imposé des nuances au législateur.

Dans certaines régions de la Grande-Bretagne par contre, celui qui squatte un logement résidentiel encourt une peine de six mois de prison.

À lire demain: Berlin en a plein les bras!

Référence: Wikipedia anglais à l’article Squatting