J’avais fait l’entrevue chez un couple de Laval-des-Rapides, un quartier de Laval. J’avais appris que l’homme et la femme vivaient dans un ancien complexe funéraire, mais remarquez que l’entrevue portait sur un tout autre sujet.
En mettant le pied dans la maison, j’ai vu immédiatement deux salons funéraires s’allonger côte à côte. Peut-être il y en avait-il un troisième et un quatrième? Je ne me souviens pas. Et ne me demandez pas en quelles pièces les salons avaient été transformés. En chambre à coucher? Impossible de m’en rappeler.
La femme me déclara tout de go qu’elle dormait très bien la nuit. Aucun problème. Son compagnon aussi. Mais c’était plus fort que moi. Durant l’entrevue, je ne pouvais m’empêcher de me demander combien de dépouilles avaient «transité» dans cet espace au fil des années. Je suppose que le couple s’est sûrement un jour posé la question.
Le couple n’avait pas d’enfants à l’époque. Aurait-il habité cette maison s’il avait eu des enfants? J’imagine le visage du petit garçon ou de la petite fille qui apprend un beau matin qu’ils font dodo depuis leur naissance dans un ancien complexe funéraire.
Lors d’un voyage en Égypte, j’ai traversé un vaste cimetière au Caire, capitale du pays. On m’avait dit que des milliers de gens vivaient dans des tombes. C’était vrai. Le cimetière était un quartier habité dans une mégapole. On l’appelle la Cité des morts. Quelque 300 000 personnes y vivent, dit-on, mais le chiffre varie d’année en année.
Je me souviens très bien de cette maison montée sur piloris et dotée d’une échelle. Un vrai p’tit bungalow avec une grande fenêtre qui ressemblait à une vitrine.
C’était le soir, il faisait noir. Je voyais les gens déambuler à l’intérieur. Un intérieur d’apparence normale. Tout autour de la maison s’étalaient les monuments funéraires et les tombes.
Le 29 août dernier, l’agence France-Presse nous apprenait qu’une galerie d’art privée s’était installée dans un ancien crématorium à Berlin. Le propriétaire de la galerie a admis que le lieu choisi faisait beaucoup jaser.
Posons en principe que le crématorium ait été transformé en résidence. Pour laquelle des trois maisons opteriez-vous si vous deviez en choisir une? L’ancien complexe funéraire, la maison dans le cimetière ou le crématorium?
source : Agence France-Presse dans Cyberpresse à LaPresse.ca
Photo : iStockphoto LP