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Quelle mouche a piqué la Pologne?

Johannes Aubele by de:Benutzer:Joooo

Les folles années 60 ont pris naissance à Londres. Est-ce un hasard? Les baby boomers se souviennent de l’époque du flower power: vêtements crachant le feu, visages bariolés aux couleurs vives,  véhicules couverts de dessins psychédéliques.

Pour certains sociologues, ce n’était pas un hasard. Le temps pluvieux de l’Angleterre, le brouillard anglais, les restes d’une société victorienne et un long règne conservateur s’achevant sur des scandales politique ont fouetté la jeune génération de l’époque.

«She comes in colors ev’rywhere, she combs her hair, she’s like a rainbow», chantaient les Rolling Stones.

Se peut-il que ce réflexe de colorer et de peindre à gauche et à droite se manifeste aussi dans le domaine de l’habitation?

En Pologne, une armée d’internautes, des designers, des architectes et même un rappeur viennent de partir en guerre contre une nouvelle mode qui les irrite passablement: le bariolage de murs extérieurs avec des couleurs criardes. Sur un même mur se mélangent le vert, le jaune, le rose, le bleu poudre, le violet.

Même les bancs de parc se colorent.

Auteur : Szczebrzeszynski

Pour vous donner une idée, voici une photo de l’hôtel Sobieski, à Varsovie. Épatant, non?  Comme vous pouvez le constater, cela n’a rien à voir avec les graffitis ou les belles murales artistiques que l’on croise à Sherbrooke, mouvement inspiré des fameuses murales de Bruxelles.

La mode du bariolage se répand dans plusieurs villes de la Pologne, surtout dans les cités-dortoirs où on retrouve de nombreux quartiers pauvres.

Quand on regarde les photos (Le Courrier international, Internet, livres de voyages), une réalité se dégage: si certains immeubles proposent une harmonie dans les couleurs, d’autres sont plutôt de mauvais goût. D’où la colère des gens qui ont décidé de passer à l’offensive.

Les mots utilisés pour décrire le mauvais choix des couleurs sont loin d’être gentils. En langage familier québécois, on pourrait les traduire par les expressions: rose gomme balloune sucé longtemps, un vert malade, bleu poudre, jaune serin, etc.

En Pologne, on explique le phénomène par un rejet du gris monotone des immeubles de l’époque communiste. L’hypothèse se tient.

Ajoutons notre grain de sel : se peut-il que, du moins pour les pauvres, il s’agit d’une façon d’oublier la pauvreté en mettant un peu de couleurs dans le quotidien? Surtout dans les cités-dortoirs où les immeubles se font face les uns les autres?

Référence : Courrier international du 21 au 27 février 2013, à partir d’un extrait du journal Polityka (Varsovie). Titre de l’article: La Pologne en Technicolor.

Photo Hotel Sobieski : auteur : Szczebrzeszynski sur Wikimedia Commons

Photo Flower Power Bus :  Johannes Aubele by de:Benutzer:Joooo (Johannes Aubele by de:Benutzer:Joooo) [GFDL or CC-BY-SA-3.0], via Wikimedia Commons