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Prisonnier dans sa propre maison

iStockphoto LP
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Vous pouvez cuisiner, regarder la télé, lire un livre et peut-être même effectuer des travaux de rénovation.  Bref vous avez le droit de vivre une vie presque normale, mais à l’intérieur des murs seulement. À moins qu’on vous donne l’autorisation de bêcher dans le jardin.

Votre ligne téléphonique est souvent coupée. Sinon, elle est sous écoute.  L’électricité manque parfois. Vous pouvez recevoir frères, sœurs, parents et amis si vous obtenez une autorisation.

Vous n’avez plus de passeport. On vous l’a confisqué. Peut-être aussi vous a-t-on retiré tous les autres papiers d’identité.
Vous avez des emplettes à faire? Quelqu’un les fera pour vous, ou on se fera un devoir de vous accompagner. Et ce «on», ce sont des soldats et des policiers.

Ces soldats et policiers, vous les voyez partout. Tout autour de votre résidence, parfois à l’intérieur.  Ils montent la garde, mitraillettes à la main.

Vous pouvez vivre comme ça pendant des semaines, des mois, des années ou même le reste de votre vie.
Ce mode de vie non désiré s’appelle «vivre en résidence surveillée». Il est généralement imposé à la suite d’un jugement de la Cour (comme en Occident)  ou par la volonté d’un dictateur capricieux. La personne qui en fait l’objet est «assignée à la résidence.»

Il peut s’agir d’un criminel à qui on veut éviter la prison ou les travaux communautaires, ou d’un leader politique, ou d’un citoyen  considéré comme «dangereux» aux yeux d’un gouvernement, ou d’une personne qu’on désire garder à vue le temps d’une enquête policière.

Lors de la guerre du Vietnam, un officier américain reconnu coupable d’un massacre de civils a vécu trois ans et demi enfermé dans sa résidence après avoir bénéficié de la grâce du président. Sinon, c’était la prison à vie.

La célèbre animatrice de télé Martha Stewart a vécu cinq mois en résidence surveillée après avoir été reconnue coupable de fraude financière.

Une professeure américaine a vécu en résidence surveillée après avoir été condamnée par la cour pour avoir eu des rapports sexuels avec un élève de 14 ans.

Ayant vécu en résidence surveillée, un chanteur de hip hop américain a déclaré : «The walls started to cave in on me »,(traduction libre : les murs commençaient à s’écrouler sur moi).

Le célèbre fraudeur Bernard Madoff et l’ancien président de la Banque Mondiale Dominique Strauss-Kahn ont été assignés à résidence de façon temporaire le temps que l’enquête se déroule.

Un crack de l’informatique a vécu six mois enfermé chez lui contre son gré après une cyberattaque contre le New York Times.

Un quart-arrière d’une équipe de football américaine a également goûté à la résidence surveillée.

Faisant face à de graves accusations au Pakistan, l’ex-président Pervez Musharraf  vit en résidence surveillée depuis exactement un an.

Selon l’agence France-Presse, quelque 300 policiers, paramilitaires, soldats, tireurs d’élite et forces antiterroristes surveillent la résidence. En même temps, ils protègent le leader pakistanais car les talibans veulent sa tête.

L’homme n’est pas trop à plaindre, semble-t-il, puisque qu’il vit dans le coin d’une villa flambant neuve  -la sienne-   au milieu d’un paysage bucolique.

Il passe ses journées avec son cuisinier privé et ses propres gardes du corps. Il lui faut une autorisation du gouvernement pour recevoir un visiteur. Musharraf rédige ses mémoires et muscle son corps entre deux comparutions au tribunal.

À lire demain: le témoignage écrit d’une femme.

Références:
Article de l’Agence France-Presse sur Pervez Musharraf écrit par Guillaume Lavallée

Wikipedia anglais à l’article House Arrest

Photo : iStockphoto LP