Les règles pour l’obtention d’une hypothèque changeront à partir du 19 avril. Ordre du ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty.
Primo, vous devrez vous soumettre aux conditions d’une hypothèque à taux fixe de cinq ans même si vous avez opté pour une hypothèque à taux variable ou à une échéance plus courte.
Segundo, si vous voulez renouveler l’hypothèque de votre maison, vous pouvez le faire mais à 90% de la valeur de la maison, et non plus à 95%.
Tercio, les Canadiens qui achèteront une maison dans le seul but de faire de l’argent, donc qu’ils n’habiteront pas, devront faire une mise de fonds initiale d’au moins 20% du prix de la maison. La mise de fonds exigée actuellement est donc multipliée par quatre. Cette mesure vise à modérer l’ardeur des spéculateurs qui ont le vilain défaut de faire gonfler les prix par leur appétit vorace. En bout de ligne, c’est le ménage au budget modeste qui écope.
Voici l’argument du ministre Flaherty: «Nous voulons décourager ceux qui ont tendance à utiliser leur maison comme un guichet automatique». En clair, le ministre veut éviter de plonger le pays dans une crise immobilière semblable à la crise américaine. Vous vous rappelez les reportages des médias à vous briser le coeur sur les propriétaires américains pris à la gorge? Selon les dernières statistiques, 11 millions d’Américains jonglent encore avec un prêt plus élevé que la valeur réelle de leur maison.
Actuellement au Canada, plusieurs acteurs du secteur de l’immobilier redoutent une bulle immobilière. Le taux directeur de la Banque du Canada est si bas que les Canadiens sont devenus boulimiques. Les maisons changent de main à un rythme jugé inquiétant ces derniers mois. Or, les prix des maisons augmentent. Ils ne sont pas loin des niveaux historiques de 2008. Si le propriétaire s’engage dans des versements hypothécaires un peu trop serrés, il risque d’appeler sa mère à l’aide quand les taux d’intérêt augmenteront. Comme le pays est en pleine reprise économique, le ministre Flaherty veut éviter de lui mettre du plomb dans l’aile.
Le ministre s’est montré rassurant : «Rien n’indique clairement l’éminence d’une bulle immobilière, a-t-il dit, mais nous adoptons des mesures prudentes et proactives afin de la prévenir.»
Les réactions aux mesures du ministre sont multiples. Certains déplorent que le ministre doute du bons sens des Canadiens, d’autres applaudissent les nouvelles règles. Certains soutiennent que les mesures priveront certains Canadiens de l’accès à la propriété, d’autres au contraire sont d’avis qu’elles changeront peu de choses sur le marché hypothécaire. D’autres craignent que ces mesures provoquent la surchauffe que le ministre veut éviter car elles pousseront les acheteurs à contracter une hypothèque avant le 19 avril.
Réaction de BMO Banque de Montréal : « Bien que nous ne pensions pas qu’il y ait une bulle immobilière au Canada, nous soutenons entièrement les mesures prises par le Ministre. Compte tenu des perspectives de hausses des taux d’intérêt et de la hausse récente des prix des maisons dans certains marchés du Canada, les mesures annoncées aujourd’hui sont prudentes. »
Dans un autre communiqué, BME encourage les Canadiens à réduire la période d’amortissement de leur prêt hypothécaire. « Il est temps, pour les propriétaires et les acheteurs canadiens à la recherche d’une maison, de songer à raccourcir la période d’amortissement de leur prêt hypothécaire. Bien qu’un grand nombre de gens choisissent la période la plus longue possible pour rembourser leur prêt hypothécaire, ils pourraient finir par payer des milliers de dollars de plus en frais d’intérêt, en bout de ligne. En réduisant votre période d’amortissement de cinq ans, pour passer de 30 à 25 ans, vous pourriez économiser plus de 53 000 $ en frais d’intérêt, rembourser votre prêt hypothécaire plus rapidement, et vos versements mensuels n’augmenteraient que de 84 $(1). »
La Compagnie d’assurance d’hypothèques Genworth Financial Canada : « Les mesures du gouvernement fédéral visant à mettre en œuvre des modifications hypothécaires sont pertinentes. Selon notre évaluation, nous croyons que ces étapes prudentes permettront de protéger et de maintenir le dynamisme et la stabilité du marché de l’habitation. »
L’Association canadienne de l’immeuble souscrit également aux nouvelles règles du ministre.