Côté immigration, Cyberpresse rapportait que, selon un sondage, les gens de la banlieue craignaient les immigrants parce qu’ils les côtoyaient sans réellement les connaître. Les Montréalais, eux, partagent leur vie avec les immigrants qui ne sont plus une menace pour eux.
Bien sûr, le prix des propriétés constitue une différence non négligeable. D’ailleurs, une journaliste de la même salle de rédaction de Laval, montréalaise dans l’âme, a fini par piler sur son orgueil. Elle a acquis une propriété à Laval, dans le quartier Ste-Rose. Montréal? C’est l’fun, mais bien trop cher pour son budget.
Une autre différence entre Montréal et la banlieue réside dans l’aspect visuel du milieu. Ou, si vous préférez, l’atmosphère des lieux. Exemple: beaucoup de touristes ont la nostalgie du New York d’autrefois. C’était plus sale, plus dur, plus désordonné avant le grand nettoyage des années 90. Le New York d’aujourd’hui serait trop aseptisé, trop impeccable. Comme l’est parfois la banlieue. Certains propriétaires sont attirés par le désordre, léger ou pas.
Récemment, je lisais une déclaration du poète Irving Layton tirée d’un ouvrage français-anglais consacré à la vie des Juifs à Montréal. Le titre: Les pierres qui parlent, The Stones that speak.
L’homme est né dans le vieux quartier juif de Montréal, aujourd’hui le Plateau Mont-Royal. Juifs, Slaves, Canadiens français, Italiens se côtoyaient autour de la «Main», soit le boulevard St-Laurent. C’était un quartier peuplé d’ivrognes, de prostituées, de policiers corrompus déambulant entre les bordels dans des rues ennuyantes.
La misère quoi!
Layton dit: «Depuis ma naissance en 1913, jusqu’en 1950, ce quartier a été mon champ de bataille.»
Ça commence bien.
Son souvenir le plus vif reste les batailles, à l’occasion de la fête de Pâques, opposant Juifs et non-Juifs. Layton: «Ils tombaient sur les Juifs avec des bouteilles et des briques et nous les attendions sur les toits, comme une armée, avec des bâtons et des pierres, n’importe quoi. Il y avait des échanges de tirs et parfois de graves blessures.»
Puis Layton termine avec le paragraphe suivant. Apportez une attention toute particulière à la dernière phrase: «Endroit formidable pour un jeune. Pour un poète, il n’y avait rien de meilleur. C’était cru populaire, dynamique et spectaculaire. Il y avait les odeurs, les scènes, les sons, les batailles. Vie à la fois riche et merveilleuse. Je me prends parfois à plaindre mes enfants qui vivent en banlieue et n’ont jamais connu cela.»
Ce billet est la suite du billet Montréal ou la banlieue?
Référence:
Les pierres qui parlent, The Stones that speak, David Rome, Jacques Langlais, photos Edward Hillel, éditions Septentrion, 1992, 140 pages
photo : iStockphoto LP