Je faisais des recherches sur les maisons construites sur pilotis lorsque je suis tombé sur la ville de Venise. C’est vrai, me suis-je dit, la belle Venise a été bâtie sur l’eau, donc sur des pilotis en grande partie! Je croyais avoir découvert le filon miracle, la ville symbole de la construction sur l’eau lorsque j’ai découvert que, contrairement à ce que l’on pense, Venise n’est pas bâtie sur l’eau. En tout cas, pas entièrement!
La ville s’est élevée sur un nombre de 118 petites îles séparées par 200 canaux, la plupart navigables. Tous ces canaux étaient à l’origine de petites rivières et des ruisseaux. D’où les 400 ponts qui relient toutes ces bandes de terre.
Apercevant cette centaine d’îles, les premiers habitants avaient décidé d’aménager leur nouveau village en plein centre de la lagune qui s’étendait entre la terre ferme et le cordon s’avançant dans la mer. Les siècles ont passé et les constructions ont pris de l’ampleur. Elles devenaient de plus en plus grosses! Le sol allait-il les supporter?
Les ingénieurs de l’époque ont trouvé la solution: tandis qu’on érigeait les bâtiments légers directement sur le sol, les palais, plus lourds, se dressaient sur une quantité industrielle de pieux qui avaient pour rôle de solidifier le terrain. D’où les pilotis que l’on entrevoit quand on se promène dans les rues de Venise.
Ces millions de pieux de bois qui soutiennent les palais et autres constructions majeures mesurent entre deux et quatre mètres. Il sont suffisamment profonds pour atteindre le coeur solide de la terre. Puis, un plancher de bois épais est étendu sur ces pieux. Des briques s’y ajoutent parfois. Une fois le travail de fondation terminé, le travail de maçonnerie commence.
Quant aux habitations construites au bord de l’eau, on utilisait une pierre hyper résistante à l’eau salée de la mer. De couleur blanche, cette pierre venait de la région de l’Istrie dans les Balkans. Le bois des pieux provenait également des Balkans ainsi que de la forêt des Alpes.
Voici des chiffres spectaculaires : l’église Santa Maria della Salute se dresse sur un total de 1,156,672 pieux de chêne et de mélèze, longs de quatre mètres. Juste aménager les fondations a demandé deux ans de travail. D’autre part, l’érection du campanile de Saint-Marc (immense tour) a exigé que l’on abatte 100 000 arbres.
Écolos au cœur sensible, détournez le regard! La construction de Venise a fait disparaître des forêts entières! En fait, avec ces millions de pieux sous les maisons et les palais, la forêt a tout simplement quitté la surface du globe pour aller constituer une véritable forêt souterraine.
Aujourd’hui, les ingénieurs doivent jouer d’adresse pour arracher Venise à l’érosion de la mer. C’est pourquoi on injecte du ciment dans les fondations des palais quand le besoin se fait sentir.
La région de Venise étant sensible aux tremblements de terre, les habitations ont été construites côte à côte pour mieux résister aux secousses sismiques. Reste que l’ensemble de la ville repose sur des fondations solides, vu leur grande élasticité.
Si le sujet vous intéresse, allez jeter un coup d’œil au site Vivre à Venise.