Une femme m’a avoué un jour qu’elle passait toutes ses vacances annuelles dans deux pays: la France et le Royaume-Uni. Ce n’était pas pour les grandes villes comme Paris, Toulouse, Londres ou Manchester. Oh que non! C’était pour les villages, les chemins de campagne, les maisons en milieu rural. Chaque année, elle roulait soit dans la campagne anglaise, soit dans la campagne française.
J’ai pensé à elle quand j’ai feuilleté le bouquin Secrets et trésors des maisons des bords de la Loire. Et j’ai appris que, la Loire, ce n’est pas juste les célèbres châteaux où s’abritent les membres du jet set artistique pour échapper aux paparazzis ou pour alléger leurs charges fiscales.
On oublie qu’à l’ombre des châteaux palpite une vie rurale à l’intérieur des maisons et tout le long du fleuve. D’ailleurs, on sent à travers la lecture du livre l’amour des deux auteurs pour les belles maisons, un amour qui va au-delà de la valeur d’échange, de la valeur de la propriété, du bien immobilier.
Une citation à la fin résume l’atmosphère du livre: «Ce livre est le résultat de nombreuses balades dans la campagne des bords de la Loire, mais aussi de longues conversations et échanges avec les amoureux des maisons de cette région.»
Selon les auteurs, la proximité des châteaux pousse les propriétaires au fil des années à entretenir leurs maisons afin qu’elles soient impeccables. L’hypothèse se tient.
Tout le long du livre, croquis et dessins nous montrent les loges de vignerons qui sont de petites maisons avec cheminée, les silhouettes des maisons au bord de la Loire, les maisons des travailleurs aux écluses, les granges, les pavillons et les fabriques.
On s’étonne devant l’ardoise qui s’étale du sol au plafond sans jamais se casser, ce qui fait dire aux auteurs que l’ardoise de la région est la meilleure au monde.
On s’étonne devant un merveilleux matériau de construction appelé pierre de tuffeau qui recouvre beaucoup de façades dans la région. C’est une pierre blonde ou rose -tout dépend du moment de la journée- qui reflète la lumière du soleil.
On s’étonne devant la dimension de certains garages et, surtout, des maisons sous terre appelées caves demeurantes servant à préserver les terres à vigne. Cela vaut le coup d’œil: grande façade de pierre, jardins et clos de vignes sur le toit.
Les auteurs passent en revue tout ce qui fait le charme des maisons de la Loire: portes, portails, volets, fenêtres, tours, lucarnes, corniches, souches de cheminées, matériaux utilisés.
Pour terminer, ils abordent l’art de vivre au bord de la Loire à travers l’ameublement, les pièces comme les cheminées, les escaliers, les ustensiles de cuisine, les commodes, ou encore les fameux bateaux lavoir ou les chalands transformés en cabanes par les couples d’amoureux.
Détail cocasse: les habitants aimaient tellement leur fleuve qu’ils se sont réservé une petite fenêtre très étroite au-dessus de l’évier de la cuisine pour ne jamais perdre la Loire de vue.
Quelle est la part de l’inusité là-dedans? C’est qu’on traverse, dans une seule et même région, trois types d’habitation qui sont aux antipodes: les habitats troglodytiques (creusés à même le rocher comme aux temps préhistoriques) et, à l’autre extrémité, les célèbres châteaux. Entre les deux s’éparpillent les maisons de monsieur et de madame tout le monde.
Mine de rien, on traverse les villes de la région au fil de la lecture: Angers, Nantes, Tours, Orléans.
Les châteaux m’intéressent peu. Donc, la Loire ne m’a jamais attiré. Mais après la lecture de ce livre, je partirais demain matin.
Référence:
Secrets et trésors des maisons des bords de la Loire, Marie Le Goaziou et Piotr Candio, éditions Ouest-France, 2014, 139 pages
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