C’était comme une rumeur qui courait les rues. Presque un ver d’oreille. Fallait éviter de louer à un immigrant. Cela occasionnait beaucoup de problèmes, disait-on. Culture différente, pas d’emploi, intégration longue et pénible.
Fondée en 1984, l’Association des propriétaires du Québec (APQ) se présente comme la plus importante association à offrir des services aux propriétaires de logements locatifs dans la province. L’organisme prend régulièrement part aux débats publics.
Le président Martin Messier déclarait récemment à propos des immigrants: «Souvent, les nouveaux arrivants sont des locataires à long terme qui paient bien, il suffit de leur donner l’heure juste concernant leurs droits et obligations envers la location de logement pour qu’ils soient d’excellents locataires.»
Difficile de trouver une voix plus crédible que celle de l’APQ. Il a suffi d’un communiqué de presse pour effacer la fausse perception qu’ont les gens en général de la capacité de payer des immigrants.
La déclaration de M. Messier s’inscrivait dans l’annonce de séances et de capsules d’information offerts par l’APQ à l’intention des nouveaux arrivants, qu’ils soient locataires ou investisseurs immobiliers. Ceux-ci peuvent en apprendre davantage en consultant le site internet de l’APQ.
Parlant de l’APQ, l’organisme a sauté de joie en apprenant que le projet de loi 190, destiné à empêcher l’expulsion des locataires du 1er décembre au 31 mars ainsi que la reprise de logement lorsqu’un des occupants du logement est une personne âgée de 65 ans ou plus, ne sera pas adopté.
«Québec Solidaire voulait empêcher une personne de 65 ans ou plus de demeurer dans un des logements de ses enfants, proches d’eux, pour permettre à une autre personne âgée d’y demeurer. Où est la logique et les protections des ascendants dans tout ça!», explique Martin Messier.
Le Parti Québécois voulant lui aussi déposer un projet de loi, l’APQ se tient sur ses gardes.
«Nous allons continuer de surveiller et revendiquer tous les projets de loi entourant le monde locatif, comme nous l’avions promis il y a quelques mois. Les propriétaires d’immeubles à revenus sont déjà exténués par le droit locatif actuel et son application, et par la protection offerte aux locataires, laquelle ouvre la porte toute grande aux abus. Il faut cesser de retirer les droits aux propriétaires d’immeubles avant que ceux-ci ne finissent par se retirer du marché», conclut Martin Messier.
D’autre part, le Protecteur du citoyen du Québec déplorait dans son dernier rapport les délais d’attente pour les audiences à la Régie de logement. L’année précédente, il regrettait qu’aucun projet de réforme de la Loi sur le Régie n’ait été présenté.
L’APQ rappelle qu’elle réclame depuis longtemps «la mise en place de greffiers spéciaux et l’élargissement de leurs pouvoirs pour les causes portant sur le non-paiement du loyer, comme il est actuellement le cas dans les causes de fixation de loyer et ce, dans le but de libérer du temps pour les juges que l’ensemble des causes soient entendues dans un délai plus raisonnable.»
Selon l’organisme, il faut attendre entre dix et dix-huit mois pour une cause de bruits excessifs, d’insalubrité ou de présence d’animaux causant des préjudices sérieux.
«Cette situation risque de faire des victimes nombreuses chez les petits propriétaires qui finiront, eux, par perdre leur immeuble ou se décourager! Dans la majorité des cas, le propriétaire n’a rien à se reprocher dans une situation de non-paiement de loyer. Il doit assumer perte de temps et d’argent démesurées», signale Martin Messier.
Source : APQ
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