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Les cinq trompettes de Stockholm

Les qualifier de gratte-ciel serait un brin prétentieux. Seulement 72 mètres de hauteur pour 18 étages. Leur design n’a rien de révolutionnaire et leurs sommets ne décoiffent personne. Alors, pourquoi intriguent-ils autant? Parce qu’ils sont mousquetaires dans l’âme. C’est «tous pour un et un pour tous!» Ces immeubles viennent en paquet de cinq, sinon ils ne viennent pas. Et il y a les rideaux aussi.

Le nom officiel de ce complexe immobilier est Hötorgsskraporna, ce qui se traduit par «les gratte-ciel de la place Hötorg», ou encore Höterget Buildings, mais les habitants de Stockholm les surnomment affectueusement les cinq trompettes.

Hötorgsskraporna de soir (son nom populaire) par Holger Ellgaard sur Wikipedia
Hötorgsskraporna de soir (son nom populaire) par Holger Ellgaard sur Wikipedia

Assoiffés de renouveau à l’époque, les autorités ont réaménagé un quartier au complet, détruisant des bâtiments historiques pour les remplacer par des édifices plus modernes. L’idée de créer des immeubles «frères» a surgi au sein de l’équipe. Restait à fixer le nombre.

Le chiffre quatre a été proposé. Un architecte s’est indigné : «À une femme, on offre cinq roses, pas quatre.» L’argument était de taille, puisque le chiffre cinq a finalement été retenu.

Lorsque les architectes suédois ont présenté le projet à l’administration municipale, l’adjoint du maire s’est laissé emporter par l’émotion. «Ce projet urbain évoque pour moi la puissance créative de l’Homme et sa foi en l’avenir, cinq accords majeurs, cinq coups de trompette dans une partition d’Haendel», a-t-il dit. Haendel est un compositeur de musique reconnu pour son emploi des cuivres.

Les cinq édifices émergeront de terre les uns après les autres entre 1952 et 1966. Observez bien les façades de chacun des immeubles. Cela peut vous sembler banal, mais c’était peu répandu à l’époque. Chacune des façades est un mur-rideau.

Le mur-rideau est une façade légère qui ne fait qu’envelopper l’édifice. Selon Wikipedia, «les panneaux sont appuyés, étage par étage, sur un squelette fixe.»

En ce qui concerne les cinq trompettes de Stockholm, le «rideau» se compose de panneaux de verre et d’aluminium fixés à l’ossature du bâtiment.

Depuis, le mur-rideau s’est perfectionné. Et le meilleur est à venir, semble-t-il. Panneaux à verre chauffants, panneaux à luminosité variable, panneaux auto nettoyants. Il y a même le panneau de verre qui tue les bactéries osant entrer en contact avec lui.

Mis à part le verre, ces panneaux pré fabriqués peuvent renfermer du marbre, de la pierre, de l’aluminium, de la céramique, de l’acier ou autre matériau.

Le Hotorgets Hoghus par Holger Ellgaard sur Wikipedia
Le Hotorgets Hoghus par Holger Ellgaard sur Wikipedia

À l’origine, le choix du «rideau» pour habiller un immeuble obéissait à une exigence esthétique. Avec le temps, il est devenu davantage pratique et se prête au jeu de la haute technologie.

Revenons à nos trompettes de Stockholm. Aussi étrange que cela puisse paraître, il y avait un architecte pour chacun des cinq édifices. Conséquence: les cinq «rideaux» ne seraient pas tout à fait identiques. Chacun des architectes a laissé son propre pli dans le tissu, si l’on peut dire.

Avez-vous remarqué que les cinq immeubles semblent seuls au monde? Ils sont en terrain presque découvert. Aucun édifice voisin ne les écrase, ce qui ajoute à leur effet de grandeur malgré leur taille moyenne.

Ces immeubles n’ont aucune vocation résidentielle. Ils n’abritent principalement que des bureaux.

Références:
Wikipedia français à l’article mur-rideau

Wikipedia anglais à l’article Höterget buildings

Wikipedia français à l’article Hötorgsskraporna

Photos:

  • du Hotorgets Hoghus de jour par Holger Ellgaard sur Wikipedia anglais
  • du Hötorgsskraporna de soir (son nom populaire) par Holger Ellgaard sur Wikipedia français