PUBLICITÉ

Comme les ailes d’un Boeing 747

À 10h, les moteurs se mettent en marche, les câbles se tendent et les ailes s’ouvrent. La lumière solaire pénètre dans l’édifice petit à petit. Puis, au-dessus, les moteurs s’arrêtent, les ailes sont ouvertes dans toute leur envergure, comparable aux ailes d’un Boeing 747. On dirait que l’oiseau va s’envoler d’un moment à l’autre.

Sous l’oiseau, depuis l’ouverture de ses ailes, les visiteurs se perdent dans l’immensité du lac Michigan, véritable mer intérieure qui se déroule devant les yeux. Seules de larges baies vitrées  les séparent des vagues venant se heurter contre un parapet de pierres. Le plancher du bâtiment est presque au même niveau que la surface du lac.

Derrière les visiteurs, à l’autre bout de l’allée intérieure et au-delà de la porte, se déroule une longue passerelle menant à la Wisconsin Avenue, l’artère principale de la ville. Et la ville se situe à peu près au même niveau que le lac. Autrement dit, le lac communique avec la ville à travers l’édifice.

À l’intérieur du bâtiment, les visiteurs défilent devant les œuvres d’art dans une lumière et une blancheur intenses. Car tout est blanc: plafond, murs, plancher.

À 17h, les moteurs se mettent en marche, les câbles bougent et les ailes se referment. La lumière solaire quitte l’intérieur de l’édifice petit à petit. Au bout d’un moment, les moteurs se taisent, les ailes sont fermées. L’oiseau dort, replié sur lui-même.

Notez par contre que les ailes s’ajustent aux conditions météorologiques car elles sont, bien entendu, munies de senseurs.

L’oiseau, c’est le Burke Pare Soleil. L’édifice, le pavillon Quadracci du Milwaukee Art Museum. La ville, Milwaukee.

Milwaukee-Art-Museum_ISTOCKPHOTO_inusite
iStockphoto LP

Un directeur du musée, Russell Bowman, disait que, lorsque les ailes de l’oiseau s’ouvraient le matin, il voyait le mouvement d’ouverture comme une invitation aux gens de la ville à venir visiter le musée.

Milwaukee-Art-Museum-Aile_ISTOCKPHOTO_inusite
iStockphoto LP

La forme du pare-soleil appelle plusieurs interprétations. Si l’oiseau reste la métaphore la plus souvent exprimée, certains le voient comme une fleur qui s’ouvre. D’autres voient un voilier mettant la voile avant de prendre le large sur le lac. Un auteur donne du poids à cette hypothèse en écrivant que l’intérieur de l’immeuble évoque la proue d’un navire.

D’autres, plus terre-à-terre, voient une vertèbre ou une carapace. Et si c’était l’aileron d’un requin? L’hypothèse n’est pas si farfelue quand on sait qu’un auteur dit entrevoir une ossature de requin le long d’une galerie intérieure. Le pavillon Quadracci peut-il s’appeler «le grand requin blanc?»

Le Milwaukee Art Museum a cessé d’être un musée parmi tant d’autres lorsque le pavillon Quadracci s’est ajouté en 2001. Le pavillon avec son oiseau, une œuvre d’art en soi, a été rapidement adopté par les habitants qui le voient comme le symbole de leur ville. Il illustre d’ailleurs la page couverture d’un livre de collection consacré au Milwaukee Art Museum.

Le pavillon et le pare-soleil sont l’œuvre de l’architecte-ingénieur espagnol Santiago Calatrava.  L’audace de l’artiste a permis à Milwaukee, ville sombre et boudée par les Américains à l’époque, d’embrasser le nouveau millénaire avec un vent de renouveau en devenant une véritable destination touristique.

Calatrava dit avoir opté pour le blanc afin de donner plus de légèreté à la structure. Voilà un argument qui fera plaisir aux inconditionnels du blanc comme couleur en décoration.

 

Références:

Russell Bowman and Franz Schulze. Building a Masterpiece, Milwaukee Art Museum, Hudson Hills Press, New York, in association with Milwaukee Art Museum. 2001, 233 pages

Richard Weston. Les grandes idées qui ont révolutionné l’architecture, Dunod, Paris, 2013, 216 pages traduction de 100 ideas that changed architecture, Laurence King Publishing Ltd (voir page 132)

Wikipedia anglais à l’article Milwaukee Art Museum

 

Photos : iStockphoto LP