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Le dépanneur : miroir de nos vices


J’ai lu le livre d’unetraite! Comme l’auteure Judith Lussier, j’ai un faible pour les dépanneurs. Mesemble qu’un sac de chips acheté dans un dépanneur est bien meilleur que celuiacheté à l’épicerie. Même si ce sont les mêmes chips. Surtout en regardant leCanadien jouer pendant les séries.

Comme l’auteure JudithLussier, j’ai mes dépanneurs préférés. Le dépanneur du quartier Ste-Rose àLaval, sur le boulevard Ste-Rose, avec son plancher en bois même pas au niveau.Le petit dépanneur à Sherbrooke dont j’ai oublié le nom, face au parc Garnierau coin de McCrea, tellement étroit mais toujours bourré de clients. Le vieuxdépanneur à Notre-Dame-des-Bois où je me gavais de protéines après unepromenade sur le mont Mégantic. Le propriétaire avait eu la délicatesse de medire que seuls les vieux achetaient la barre de chocolat que j’achetais toutl’temps.

Pour ma copine, son dépanneurpréféré était Chez Ti-Blanc dans le quartier Rosemont à Montréal, coin 2eavenue et boulevard Rosemont. « Les jeunes aimaient tellement lepropriétaire qu’ils le mettaient à l’abri des malfaiteurs », dit-elle.« Il y avait tellement de vols à l’époque! Je ne serais pas surprise sij’apprenais que ce dépanneur n’a jamais été volé. »

Tous ces dépanneursont jalonné nos vies comme un bon vieux souvenir.

Comme l’auteure JudithLussier, le dépanneur en lui-même me fascine. Je ne parle pas des dépanneursCouche-Tard, tous identiques les uns aux autres. Je fais allusion aux bonsvieux dépanneurs du coin.

Le titre du livre? « Sacrédépanneur », merveilleusement illustré par les photos de Dominique Lafond,publié aux éditions Héliotrope. Le titre de ce billet coiffe d’ailleurs l’undes chapitres du bouquin.

En vrac, JudithLussier aborde la préhistoire du dépanneur, les premiers produits vendus, ledépanneur en pornographie, le lien reliant l’évolution des dépanneurs à cellede la société québécoise, les Perrette et les Couche-Tard, le dépanneurethnique, etc.

L’auteure est unevraie conteuse. Aucun point mort, aucun passage à vide. Que des détailscroustillants issus d’une longue recherche bibliographique racontés dans unelangue riche et savoureuse.

J’ai lu le livre d’unetraite! Je sais, je l’ai déjà dit! C’est juste pour vous montrer combien jel’ai aimé.

Tenez, voici ladernière phrase du livre. Elle résume très bien ce que je ressens face à undépanneur : « Par delà l’image et les apparences, bon mal mal andepuis 40 ans, que la canicule s’abatte sur Montréal ou que le blizzard soufflesur toute la province, jour après jour, soir après soir, l’humble porte dudépanneur demeure ouverte. »

(Photo ptaff.ca)