Elle aura vécu comme dans une prison à l’intérieur d’une résidence pendant une trentaine d’années avant d’être relâchée avant de mourir quatre ans plus tard à l’âge de 88 ans. On la soupçonnait de complot contre son mari.
Drôle de destin que celui de Jovanka Broz, veuve de Tito, dictateur socialiste qui a régné sur l’ex-Yougoslavie à partir de 1945.
En avril 1975, Tito quitte le foyer conjugal et s’installe dans un palais familial. Son épouse est déjà étroitement surveillée. Son mari meurt en 1980 et elle ne l’aura pas vu durant les trois dernières années de sa vie. Par contre, elle recevait un bouquet de fleurs le jour de son anniversaire. On lui permet d’assister aux funérailles de son mari.
Moins de trois mois après la mort de Tito, des hommes prennent d’assaut la maison où vivait Jovanka. Selon Wikipedia: «En 1985, dans une lettre qu’elle adresse à l’Assemblée fédérale de Yougoslavie, Jovanka Broz décrit cette épreuve : « Ils ont fouillé mes affaires pendant onze heures, avant de toutes les prendre. J’étais toute seule lorsqu’ils sont venus parce que tout le personnel avait été envoyé ailleurs. Lorsqu’ils ont commencé à fracturer la porte, j’ai appelé ma sœur. J’étais entourée de dix hommes inconnus et j’ai eu peur. Je n’ai jamais été aussi effrayée de ma vie. Alors qu’ils allaient partir, un homme nommé Nikolić est venu vers moi et a menacé de tuer ma sœur si elle racontait ce qu’elle a vu».
Jovanka Broz est officiellement placée en résidence surveillée dans une maison de Belgrade. On lui confisque tous ses papiers d’identité qu’on lui remettra trente ans plus tard. Elle vivra dans un isolement complet.
Un journaliste raconte: « Elle avait alors été privée de ses papiers d’identité, de ses vêtements, de ses lettres, de ses archives et aussi des cadeaux précieux qu’elle avait reçus. Elle a été complètement isolée et privée de tout droit. Elle n’avait pas le droit de circuler librement, elle était surveillée, ses appels téléphoniques étaient placés sur table d’écoute et ses rares amis étaient suivis».
Trois ans avant sa libération, Jovanka Broz avait vu entrer «chez elle» le premier ministre de la Serbie, venu lui restituer ses bijoux et payer les frais de rénovation de la maison, située en face du Palais blanc.
Aussi spectaculaires que puissent être les histoires de Benazir Bhutto et de Jovanka Broz, celle de la Birmane et dirigeante politique Aung San Suu Kyi reste la plus célèbre.
Son parti ayant remporté les élections en 1990, Aung San Suu Kyi est placée en résidence surveillée par la junte militaire.
Elle ne sera libérée qu’en 2010. Le jour de sa libération, vers midi, elle voit les policiers retirer les barrières derrière lesquelles elle a vécu pendant vingt ans.
Pour écouler le temps pendant toutes ces années, elle a notamment appris le français au moyen de cassettes audio. Cette femme politique avait remporté le Prix Nobel de la paix en 1991.
Références:
Wikipedia français à l’article Jovanka Broz
Wikipedia français à l’article Aung San Suu Kyi
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