PUBLICITÉ

Atteint de la folie de bâtir (Suite)

Cette obsession de construire a son utilité. Elle permet au roi Louis de s’isoler dans ses résidences, loin des tracas du royaume.

Et dans ses châteaux, le roi Louis laisse son imagination courir. Tantôt, il se prend pour le chevalier Tannhäuser, tantôt il se prend pour le gardien du Graal, ou pour le roi Louis XIV, ou pour un sheik arabe. Il aime se déguiser et vivre de nuit.

Emporté par les images dans sa tête, le roi Louis délire sous la musique de Wagner qu’il  aide financièrement depuis des années.

Louis II (scan from Michael Petzet d'une peinture de Ferdinand von Piloty 1865 Wikipedia)

Au château de Linderhof par exemple, le roi Louis aime faire du théâtre, seul, dans une grotte artificielle, spécialement aménagée pour recréer l’ambiance d’un opéra de Wagner. Parfois, il dérive sur sa barque pendant qu’un orchestre caché joue un air du compositeur allemand.
On peut délirer tant qu’on veut du moment que cela n’affecte pas les autres. Un beau jour, les ministres acculent le roi au pied du mur. Ses dépenses sont si exorbitantes que le royaume est sur le bord de la faillite.

Le roi Louis est victime d’un putsch.

Des hommes le conduisent au château de Berg. Le lendemain, le roi Louis se noie dans un lac voisin du château. Ainsi que son psychiatre. On n’a jamais su ce qui s’est vraiment passé. Circonstances mystérieuses. La thèse la plus probable: le roi se serait jeté dans le lac après un accès de folie.

À court d’argent, les ministres du royaume décident d’ouvrir les portes des châteaux de Louis au public, histoire de liquider les dettes du royaume. Et ce même si le roi avait demandé à ce que l’on détruise ses châteaux à sa mort. Décision judicieuse des ministres puisque les dettes seront remboursées dès 1920, 36 ans après la mort de Louis.

L’obsession de construire des châteaux chez le roi Louis a duré jusqu’à la fin car on a retrouvé un tas de plans et de dessins dans ses papiers après sa mort.

L’histoire que je viens de vous raconter est celle de Louis II de Bavière, roi de 1864 à 1886, décrit par le Petit Robert des noms propres comme idéaliste, romantique, enthousiaste et dépressif.

N’empêche que ce roi qui voulait construire tant de châteaux ne sera pas oublié. Chaque année, les gens de la Bavière fêtent l’anniversaire du monarque fou à son pavillon de chasse.

Un immense feu se construit pour éclairer la nuit.

La folie des grandeurs a droit, elle aussi, à ses heures de gloire.

(Avec l’aide de Wikipedia et de notes personnelles)

Source photo : scan from Michael Petzet, Ludwig II. und seine Schlösser d’une peinture de Ferdinand von Piloty sur Wikipedia