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Les femmes rebroussaient chemin

L’ancien journaliste disait détenir de l’info sur une très bonne histoire. Il avait fait des recherches et consulté des archives et, aujourd’hui, je ne sais toujours pas s’il a donné suite à son projet.
Il me racontait qu’à une certaine époque, un homme habitait une maison tout près du cimetière Notre-Dame-des-Neiges. En fait, l’homme était le gardien du cimetière. Il habitait le bâtiment situé à l’entrée. Je suppose que c’est la maison que l’on voit encore aujourd’hui.

Il arrivait à cet homme de passer des soirées au centre-ville. Parfois, il revenait chez lui avec des conquêtes féminines. La plupart du temps, lorsque la femme voyait l’endroit où habitait l’homme, elle tournait les talons. Pas question pour elle d’y passer la nuit ou peut-être même d’y mettre les pieds! Avec tous ces morts derrière? Jamais dans cent ans!

Et le pauvre homme en souffrait.   

On n’imagine pas les histoires d’horreur que peut provoquer l’emplacement d’une maison. Je n’ai jamais lu le roman Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy, mais j’ai vu le film de Claude Fournier. La dernière scène m’avait marqué.

De mémoire, le père de famille avait perdu son emploi. La famille était réduite à l’extrême pauvreté. Elle avait déménagée dans une maison située tout près de la voie ferrée. Personne n’en voulait, bien entendu. Personne ne veut habiter à proximité de la voie ferrée. Le père de famille avait probablement eu la maison pour une bouchée de pain.

Tout juste avant que le film ne se termine, on voit les membres de la famille dans la maison. Et on entend le premier train venir. Tout le monde prête l’oreille. Le bruit monte et monte et monte. Le vacarme est si intense au passage du train que la famille se met à hurler. C’est que la maison n’est pas proche, elle est collée, collée, collée à la voie ferrée.

À ce moment-là, la famille prenait pleinement conscience de l’extrême pauvreté dans laquelle elle allait vivre désormais. L’histoire se déroule au début des années 40 dans le quartier St-Henri à Montréal.

Il y a deux ans, une amie chinoise nous a donné des signets en guise de cadeau. Comme image, on voit une maison perchée au bord d’une falaise. À bien y penser, le mot est faible. La maison est presque suspendue dans le vide. La question qui tue: pourquoi se bâtir à un tel endroit?

Semblerait que la maison se trouve dans la région où notre amie chinoise a vu le jour.

Photos: iStockphoto LP