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Ils vivent vraiment dedans?

Le policier palestinienallongea le bras : « Vous êtes capables de le faire tout seul. Vous n’avez qu’à suivre le chemin qui mène à la montagne. » Macopine et moi, on s’est mis en route. Il était six heures du matin. Le soleil venait de se lever sur Pétra, laville rose comme on l’appelle parce qu’elle est entièrement sculptée dans les montagnesde grès tirant sur le rouge.

Située en Jordanie, lelong de la frontière d’Israël, Pétra est l’un des sites touristiques les plusvisités au monde. La ville a connu son heure de gloire dans les années au tempsde Jésus-Christ alors que les Nabatéens, peuple du désert, faisaient lecommerce des pierres précieuses et des épices en les transportant à bord dedromadaires du Yemen jusqu’à la Méditerranée. De là, le matériel étaittransporté jusqu’aux entrepôts de Venise pour ensuite être vendu aux coursroyales de l’Europe.

Mais avant detraverser la Méditerranée, pierres précieuses, encens, épices, dattes, orétaient entreposés dans les grottes de Pétra. C’était une ville très riche quia déjà compté plus de 20 000 habitants. C’est à Pétra, au fameux tombeau deKhazneh plus précisément, que le cinéaste Steven Spielberg fait aboutir larecherche du Saint-Graal dans le film : «Indiana Jones et la dernièrecroisade ». 

Voilà une semaine que,moi et ma copine, on contemplait ces dizaines et dizaines de grottes que lesNabatéens habitaient il y a 2000 ans. Curieux, j’avais pénétré dansquelques-unes d’entre elles. Les couleurs sont souvent fantastiques! Des veinesbleues, rouges, mauves, jaunes traversent parfois les parois qui sont trèsfriables. Une fois, j’avais levé le bras pour toucher le plafond. Un coup dansla roche de ma part et elle se serait égrenée.

Ma copine et moi, on voulait grimper sur lesommet du montAaron où se trouve le tombeau du frère de Moïse, un minuscule point blancbrillant au soleil. Pour y parvenir, fallait sortir du cœur de Pétra.

Guidés par le policierpalestinien, on déambulait entre deux montagnes lorsque ma copine stoppa net. Lesyeux plissés, elle fixait un point sur le flanc d’une montagne.

-J’vois du mondesortir d’une grotte!

Plus loin, elle s’arrêta  à nouveau.

-Encore un autre! Pis un autre!

De retour à l’hôtel lesoir, la propriétaire nous le confirma : oui, des gens se réfugiaientencore dans les cavernes de Petra. Ma copine n’en revenait pas :« Ils vivent vraiment dedans? » Et oui! C’était pour la plupart desBédouins trop pauvres pour habiter dans des maisons. Pourtant, c’étaitformellement interdit d’y demeurer. Mais la police passait l’éponge.

Sur le coup, on restesurpris d’apprendre que des gens vivent encore dans des grottes en 2010. Maison oublie trop souvent que, dans une région dépourvue de bois comme leProche-Orient, les grottes ont longtemps resté l’abri de prédilection. Lapierre est la matériau de base. Sans compter que les dirigeants de Pétrafaisaient venir des architectes pour tailler les tombeaux à même la roche. C’étaitdu grand art!   

Et puis, les êtreshumains vivent dans des grottes depuis des milliers d’années à certainsendroits du monde.

Mais dans le confortdouillet de nos maisons nord-américaines, vivre dans une grotte nous sembleinacceptable. Pourtant….

De Wikipedia j’aiemprunté ce passage qui résume le mode de vie des Nabatéens dans lesgrottes : « Bien que les bâtiments publics, les monuments et lestombeaux indiquent une forte influence hellénistique et d’autres civilisations,avec leurs colonnes, péristyles et autres détails étrangers, les espacesprivés, où les Nabatéens dorment, mangent et travaillent, sont plutôt de stylearabe. Souvent dépourvus de fenêtres, ils donnent sur de petites coursintérieures tranquilles, comme c’est encore le cas au Moyen-Orient. Les toitsdes habitations basses (d’un ou deux étages), sont plats et sans tuiles et toussauf les riches, qui préféraient les mosaïques, ont des planchers dallés. Il ya souvent des bancs en pierre où s’asseoir pendant les repas, mais le reste desmeubles semble avoir été en bois car on n’en trouve pratiquement pas de traces.Les cuisines sont situées dans un bâtiment éloigné de l’habitation principaleafin de minimiser le risque d’incendie, comme c’est encore le cas dans beaucoupde pays[45].

(Source : notesd’un voyage en Jordanie)

PhotosBourlingueur.org