Le Français me racontait qu’il longeait la frontière israélienne en Jordanie. À bord de son auto, il croisa un écriteau. On annonçait que des travaux d’archéologie se déroulaient tout près. Curieux, il fonça vers la frontière. En s’approchant du Jourdain, il arriva face à face avec un archéologue.
-Bravo, lui dit l’archéologue, vous êtes parmi les premiers à apprendre que l’on vient de découvrir l’endroit même où Jean-Baptiste a baptisé Jésus-Christ. Les salles de nouvelles ne sont même pas encore au courant.
Il y a quelques années de ça, mais le Français m’a raconté l’histoire le printemps dernier.
-Je ne suis pas porté sur la religion, me dit le Français, je suis même plutôt athée. Mais quand vous vous promenez en Terre sainte et que vous apprenez que vous êtes à quelques mètres de l’endroit où Jésus a été baptisé, vous sentez un frisson vous courir dans le dos.
C’est en plein ce que je me suis dit en apprenant que des archéologues venaient de découvrir, quatre jours avant Noël, les restes d’une maison vieille de 2000 ans. Où? À Nazareth! Qui vivait à Nazareth il y a 2000 ans? Le Christ en chair et en os.
Comme Nazareth était un petit village (une cinquantaine de familles) et que le Christ y a vécu 30 ans, on est en droit d’affirmer que le prophète a longé les murs de cette maison plus d’une fois. Et s’il avait élaboré son discours qui allait changer la face du monde à l’ombre de cette habitation, assis sur un banc de pierre, ou dans la grotte de secours située à proximité? Peut-être y a-t-il même mis les pieds! Qui sait, le propriétaire de la maison était peut-être un chum de Joseph ou un ami de Marie (j’ai écrit ami, pas amant, n’essayez même pas!), un copain du Christ ou un frère, entendu que l’homme avait plusieurs frères et sœurs. Jésus lui-même y aurait-il vécu? Il est trop tôt pour l’affirmer. Vu qu’il ne reste que la partie inférieure des murs, il est plutôt difficile de se faire une idée de la maison. Mais je me suis rappelé avoir lu une description des maisons de Nazareth de l’époque dans le livre Vie de Jésus d’Ernest Renan. Voici l’extrait :
« Nazareth, comme à cette époque toutes les bourgades juives, était un amas de cases bâties sans style, et devait présenter cet aspect sec et pauvre qu’offrent les villages dans les pays orientaux. Les maisons ne différaient pas beaucoup de ces cubes de pierre, sans élégance ni extérieure ni intérieure, qui couvrent aujourd’hui les parties les plus riches du Liban. Et qui, mêlés aux vignes et aux figuiers, ne laissent pas d’être fort agréables. Les environs sont charmants, et nul endroit du monde ne fut si bien fait pour les rêves de l’absolu bonheur. » Et, un peu plus loin : « La fontaine, autour de laquelle se concentrait autrefois la vie et la gaieté de la petite ville, est détruite, ses canaux crevassés ne donnent plus qu’une eau trouble. »
Selon Le Figaro en France, c’est la première fois que des vestiges d’une maison de Nazareth datant de l’époque romaine sont mis à jour. Celle-ci abritait deux chambres et une cour intérieure. Tout près, une citerne pour recueillir l’eau de pluie.
Ceux et celles qui ont lu le billet « Faire dodo en Espagne, la tête contre l’histoire » (lire le blogue section Saviez-vous que…) savent combien je suis sensible à l’empreinte de l’histoire sur les vieux bâtiments.
Comme le Français, je suis athée. Et comme le Français, même en étant athée, j’ai senti un frisson me courir dans le dos en lisant la nouvelle. Léger le frisson! Mais frisson quand même!
Si vous vous passionnez pour l’histoire de l’habitation, parcourez le blogue de la section Saviez-vous que…et vous tomberez sur les billets « Au temps où les maisons étaient rondes » et « Aller voir ses chums en passant par les toits ».
(Photo Google: la maison de Nazareth devait beaucoup ressembler à cette maison de pierre du Liban)