Cette phrase célèbre de Jean-Paul Sartre illustre bien les conflits de béton qui peuvent surgir entre copropriétaires. Imaginez la scène : vous achetez une copropriété, peut-être l’investissement le plus important de votre vie, et vous vous retrouvez le lendemain avec des voisins malfaisants qui risquent de faire baisser la valeur de votre investissement au fil des années car ils refusent de payer davantage pour l’entretien de l’immeuble. Le temps passe puis le conflit finit par se transformer en guerre de tranchée. Ouach!
Nous étions à Gaspé l’été dernier. Le propriétaire qui nous recevait pour plusieurs jours montra du doigt un immeuble situé derrière sa maison. « Jamais, dit-il, au grand jamais je n’irai habiter dans un condo! Je connais une femme qui habite là-dedans. C’est la chicane à longueur de semaine! »
Le bâtiment en question était un ancien immeuble locatif. Les appartements avaient été transformés en copropriétés. Et selon un article de la revue Les Affaires Plus, édition septembre 2010, ce sont les pires bâtiments car ils n’ont pas été conçus à l’origine pour accueillir des copropriétés.
L’article d’Annick Poitras, coiffé du titre « Copropriétés toxiques », retrace les difficultés que vivent les copropriétaires à l’intérieur d’un plex. Bruits élevés, mésentente au sujet des frais d’entretien, refus de certains de contribuer davantage au fonds d’imprévus (dégâts d’eau par exemple) et au fonds de prévoyance (frais d’entretien à long terme comme le toit et la fenestration).
Les motifs de tant de disputes abondent: différence de caractère, de profondeur de jugement, de degré d’éducation, de niveau d’endettement d’un ménage à l’autre. Ou simplement la différence d’âge.
On s’engueule jusqu’au jour où on fait appel à un juriste qui coûte les yeux de la tête. Ou on loue la copropriété si on ne la vend pas.
Si vous projetez d’acheter une copropriété, ce ne serait pas une mauvaise idée de lire l’article. Vous y retrouverez un tas de conseils pour vous rendre la vie agréable en tant que nouveau copropriétaire. Par exemple : demander à lire la déclaration de copropriété. D’après un spécialiste consulté par Mme Poitras, un tel exercice vous mettra à l’abri de mauvaises surprises. Trop de gens ne la lisent qu’à moitié. Tant pis pour eux!
Autres suggestions: demander à voir les procès-verbaux des assemblées, les évaluations d’immeuble, les preuves d’assurance, les bilans financiers.
La nomination d’un arbitre en cas de conflit et la formation d’un conseil d’administration seraient des conditions gagnantes pour la saine gestion d’un immeuble en copropriété.
Pour le moment, je n’ai pu trouver l’article sur le Web. Je suppose qu’il sera déposé sous peu sur le site. Sinon, vous vous rendez au kiosque le plus proche. Le déplacement en vaut le coût.