Ce n’est ni le bois, ni la pierre naturelle, même si ces deux matériaux figurent au sommet de la pyramide écologique. Le matériau parfait -ou presque- se trouve sous vos pieds. C’est la terre. Et les maisons en terre crue existent au Québec.
C’est fou quand on y pense! On a consacré un siècle entier et dépensé des milliards pour trouver le matériau parfait destiné à la construction. Or, nous marchions dessus tous les jours. Et il était gratuit.
A-t-on besoin de dire que la terre est disponible partout, autour de chaque chantier de construction? Aucun transport n’est requis.
La terre est le matériau idéal pour la maison durable. Des constructions en terre ont traversé les siècles sur presque tous les continents. Elles sont toujours debout. La terre est le matériau qui se rapproche le plus de la durabilité éternelle. Et elle est recyclable à volonté.
On peut fabriquer les blocs (ou briques) soi-même au moyen d’une presse. Par contre, il faut une bonne résistance physique, avoir du temps devant soi et travailler en équipe, comme au temps des corvées. Aucun procédé de fabrication chimique, aucun polluant, aucune dépense d’énergie hormis celle du bâtisseur. Même pas besoin d’usine.
Le confort intérieur d’une maison de terre frise la perfection. La terre absorbe l’excès d’humidité, puis la restitue au besoin.
L’équilibre est parfait. L’air n’est jamais sec. Même réflexe avec la chaleur du soleil. Résultat: un chauffage quasi inexistant l’hiver et nul besoin de climatisation l’été puisque l’air est frais. La terre est un matériau qui respire, ce qui veut dire protection contre les champignons et les acariens.
La terre coupe de beaucoup les bruits extérieurs en absorbant les résonances. L’ambiance intérieure devient feutrée. De plus, la terre joue le rôle de bouclier contre les ondes électromagnétiques.
Pour devenir matériau de construction, la terre crue se mélange à l’eau, à la paille, au chanvre, à l’argile, au gravier, au sable, aux fibres végétales, ce qui lui procure une teinte décorative. Sa beauté est purement naturelle. Pas besoin d’enduits ou de peinture. La terre se présente sous forme de blocs ou de panneaux pour les murs extérieurs et intérieurs.
L’emploi le plus fréquent de la terre comme matériau en Occident se trouve dans ces maisons dotées de colombages, comme on en voit souvent en France et en Angleterre. La matière comprise entre les colombages, appelée torchis, est un mélange de terre crue et de paille, parfois de chanvre.
Inapplicable au Québec, vous dites? Détrompez-vous! Ginette Dupuy, auteur du livre Habitat sain et écologique, a mené une recherche au profit de la Société canadienne d’hypothèque et de logement. Conclusion: c’est tout à fait applicable. D’ailleurs, des constructions en terre crue existent dans le nord de la Russie et en Scandinavie.
Mme Dupuy a construit sa propre maison en terre crue en Estrie. Elle a moulé 10 000 blocs de terre, au rythme de 500 par jour, avec une équipe de quatre personnes. Elle a puisé la terre à 20 minutes de chez elle. Une photo montre l’aspect d’un mur.
Les experts d’Ecohabitation font également l’éloge de la terre, tout en apportant un ou deux bémols. Ils expliquent chacune des étapes de la construction. Mise en garde: les banquiers se font tirer l’oreille car il ne s’agit pas d’un matériau conventionnel. Plutôt comique quand on sait qu’une maison sur trois dans le monde contient de la terre crue.
Références
Bricoler sain pour mieux vivre chez soi, Marcel Guedj, Fleurus, 2009, 253 pages
Habitat sain et écologique, Ginette Dupuy, Les Éditions Quebecor, 2011, 295 pages
Photo : iStock.com