À écouter mes amis me raconter leurs aventures[1] pour trouver un logement à Montréal, je ne pouvais pas ne pas vous parler de l’arnaque dans laquelle ils sont presque tombés.
Après des heures de recherche sur Internet, enfin, ils trouvent.
Beau logement avec trois chambres fermées, sobre, près du Vieux-Montréal à 1200 $ par mois. En plein ce dont ils rêvaient. Ils sont tout excités. Mon amie envoie un courriel.
Voici des brides de la première réponse:
« Je vous confirme que je suis la propriétaire de mon appartement. Le loyer comprend : chauffage, électricité, connexion internet compris, câble de télévision. Dépôt de garantis obligatoire du premier mois de loyer 1200$ (voir Code civil du Québec, article 1904) […] Je viens de rejoindre mon époux en Fonction d’état canadien à l’étranger […]. Nous revenons au Canada mon époux et moi qu’en Décembre 2017 (RETRAITE) […] J’ai donc demandé à mon ami [X] de vous faire la visite (signature du bail et clés). Pour ne pas avoir à déranger mon ami pour rien, je veux être certaine que vous désirez vraiment louer l’appartement et que vous en avez les moyens. Veuillez donc me faciliter la tache en m’envoyant les informations ci après:
- Vos nom et prénom:
- Votre revenu annuel:
- Employeur:
- Depuis quand:
- Combien de personnes demeureront avec vous et quel est leur nom:
- Voici mon numéro pour me joindre à Paris #
*Disposez vous de la liquidité des 1200$ sur vous pour le dépôt de garantis payable à la visite et signature du bail si l’appartement vous convient?
PS: Le dépôt de garantis des 1200$ est à avoir sur vous obligatoirement le jour de votre visite. »
Mes amis étaient tombés en amour avec le logement. Ils ont donc répondu aux questions en ajoutant leurs coordonnées et leurs dates de naissance (qui figurent de toute façon sur Facebook). Ils ne voulaient pas manquer cette chance.
Lorsqu’au troisième courriel, la dame insiste sur le dépôt de garantie, mon amie répond qu’elle ne remettra pas l’argent sans vérification et sans adresse officielle. Là, plusieurs lumières se sont allumées dans sa tête. Une « Fonction d’état », c’est secret, non? Les prises électriques de l’appartement sont européennes. Le décor est trop épuré. « Monsieur X » n’est pas le propriétaire. L’adresse courriel Hotmail n’a rien à voir avec le nom de la dame. Mon amie cherche sur Google avec l’adresse courriel et… elle tombe sur un site européen de fraude de location de logement ! D’un état d’excitation, elle est passée à la déception et à la colère. Contre elle, d’avoir tombée dans le panneau. Contre « la dame », d’avoir été malhonnête.
Mon amie appelle la police qui ne peut rien faire car on ne lui a rien volé. On lui recommande de cesser les échanges. On lui parle d’un article dans La Presse sur l’arnaque. Puis on l’informe qu’il n’y a pas grand danger car elle n’a donné aucun numéro important : assurance sociale, compte bancaire, carte de crédit. Soulagée, elle se rend compte qu’ils ont l’échappé belle.
La nuit suivante, elle rêve aux voleurs. Au matin, elle communique avec le Centre antifraude Canada. Là, autre son de cloche. Avec les coordonnées personnelles et familiales (noms des conjoints et des enfants), celles des employeurs et les DATES de naissance, le vol d’identité devient à haut risque ! Il faut appeler Equifax, Trans Union, les institutions bancaires, cartes de crédit pour signaler un haut risque de vol d’identité.
Le lendemain, la « propriétaire » envoie un courriel avec un nom de rue et un code postal en ajoutant qu’elle ne donnera l’adresse civique que la journée de la visite à cause du haut risque de vol… L’adresse ne correspondait pas à l’arrondissement du Vieux Montréal.
L’arnaque sautait aux yeux, direz-vous. Ne criez pas trop vite « Fontaine, je ne boirai pas de ton eau ! ». Vous n’avez pas les vraies photos pour vous aveugler ni les échanges de courriels rassurants. Soit dit en passant, Montréal n’est pas la seule ville au Québec où ce genre d’arnaque fait rage.
À suivre…
Pour votre information : Centre antifraude Canada (CAC): 1-888-221-1687
Photo : iStockphoto LP
[1] Voir les deux billets des derniers jours « Un trip à quatre ».