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Le choc de la confrontation

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Vous refusez-vous le plaisir de revoir la maison de votre enfance? C’est le cas de bien des gens. Parfois parce qu’ils ont vécu une expérience traumatisante, parfois parce qu’ils veulent garder le souvenir intact.

Voici une histoire réelle.

Astrid est en Russie. Elle est à la recherche d’un homme, Micha, avec qui elle a vécu une histoire d’amour de trois mois, brutalement interrompue par les autorités de la Russie post-soviétique. C’était à Tcheliabinsk, la fameuse ville qui avait reçu la visite d’un météore.

«Si je ne le retrouve pas, écrit-elle, au moins je ne serai pas déçue. Je ne dois pas faire comme ma grand-mère allemande, Ruth. Cinquante ans après la chute du mur de Berlin, elle a souhaité revoir sa demeure familiale dans le Mecklembourg, l’ex-RDA. Ruth a vécu dans cette maison, où mon père est né, jusqu’à ce que sa famille en soit expropriée par les Soviétiques en 1945. Après la mort de son mari, à la fin de la guerre, Ruth et ses trois enfants sont passés à l’Ouest, ont immigré à Montréal et ne sont jamais revenus vivre sur le Vieux Continent. Ruth, une main ferme dans un gant de soie, rêvait de revoir ses terres ancestrales après 1989. Ma grand-mère savait que sa demeure au toit triangulaire surdimensionné -comme le sont ceux de toutes les maisons du nord de Montréal- avait été convertie en neuf appartements communautaires et commençait à s’affaisser. En chemin, à vingt kilomètres du but, elle pressentit le choc de la confrontation à la réalité et fit demi-tour. Elle ne reverrait jamais les parcs et les jardins où il faisait si bon se promener, les soirs d’été, au bras de son époux chéri. Il valait mieux préserver ses souvenirs. Grâce à eux, elle avait survécu à la guerre et aux vagues de détresse d’une veuve esseulée.»

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L’Oural en plein cœur d’Astrid Wendlandt est à lire si la Russie vous intrigue, surtout la région de l’Oural, et si vous aimez les histoires qui parlent d’amour, de liberté et de voyage.

Il y a une autre raison aussi, parfaitement décrite par Sylvain Tesson à l’endos du livre : «Jamais un livre ne nous avait autant convaincus que le voyage est une métamorphose.»

Référence:

L’Oural en plein cœur, Astrid Wendlandt, Albin Michel, 2014, 215 pages

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