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Cucu ou jouissif?

                          

Incroyablement cucu pour les uns, pleinement jouissif pour les autres. Dans quel camp êtes-vous?

Quand ti-cul j’allais chez l’une de mes tantes à Louiseville, il y avait une lampe à abat-jour coloré sur la table du salon. Les fesses sur le sofa, j’observais l’abat-jour. Il me fascinait. Du verre coloré, figurez-vous! Comme les vitraux à l’église. « C’est une lampe Tiffany! » m’avait appris ma tante.

Je vous le répète, j’étais un enfant à l’époque. À travers mes yeux de ti-cul, je trouvais ces lampes intrigantes. Moitié transparentes, moitié opaques, des reflets sombres et clairs. Il y avait de la couleur, du rythme, des fleurs, des lignes étranges. Je regardais à travers le verre coloré pour voir s’il y avait quelque chose dedans. Un peu comme dans Alice au pays des merveilles.

Quand j’entrais dans une maison au décor purement Tiffany, ça me donnait le goût de sourire. En fait, il suffisait de la présence d’une petite lampe colorée dans un coin pour que la pièce prenne un air de fête. Ce n’est pas pour rien que le personnage de Holly, dans le roman Petit déjeuner chez Tiffany de l’écrivain Truman Capote, se promène devant une vitrine de la bijouterie Tiffany pour chasser son blues existentiel.   

Devenu grand, donc plus rationnel, je me suis détourné de la lampe Tiffany. « Bah, cucu tout ça! Et pis, ça fait ma tante! »

Aujourd’hui, je me situe entre les deux. Pour moi, le design Tiffany n’est ni cucu ni jouissif. Il est quelque part entre les deux. Mais il y a un élément nouveau. Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve qu’il y a un brin d’érotisme dans l’art Tiffany. Il y a quelque chose d’organique, de végétal, d’orgiaque dans ces petites fresques en verre.

Je vous parle de ça car je viens d’apprendre que le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) consacre une exposition à Louis Comfort Tiffany jusqu’au 2 mai.

Près de 160 œuvres sont exposées. Sachez que monsieur Tiffany n’a pas juste inventé un procédé pour la fabrication de ses fameuses lampes, il a aussi été peintre, graveur, joaillier et un grand artiste du vitrail. L’artiste américain était obsédé par l’art de l’ornementation. Il aurait même conçu des meubles.   

Après toutes ces années à croiser des lampes Tiffany, deux expressions me viennent en tête pour décrire ce design révolutionnaire qui date d’un siècle : esprit de fête et décoration joyeuse.

(photos Wikipedia)