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« L’immensité d’une toute petite chambre »

En cherchant de l’information au sujet de la psychologie des couleurs, je ne pouvais m’empêcher de penser à un de mes textes en prose composé il y a bien des années au sujet d’une chambre que j’avais créée pour la plus jeune de mes deux filles. J’ai pensé que cela pourrait vous donner des idées de décoration. J’espère que vous allez apprécier ce changement de style occasionnel. Comme le texte a été écrit dans le cadre d’un cours en littérature, vous trouverez la définition de certains mots inhabituels à la fin du texte.

L’immensité d’une toute petite chambre

C’est hallucinant ce qu’un jeu de couleur peut produire comme effet…

La chambre du voisin d’en haut, aux mêmes dimensions que la mienne, semblait minuscule, étroite et je dirais même… étouffante. En y entrant, je courbais les épaules. Pourtant, dans la mienne j’avais envie d’ouvrir grand les bras, de tourner, de valser sans fin; j’avais l’impression de flotter, de marcher sur des nuages et de pénétrer dans un autre monde protégé par un lare[1]

Le plancher, le plafond, les murs reflétaient le même bleu ciel qu’une journée ensoleillée et la clarté du jour se chargeait d’y ajouter ses nuances et ses ombres à son gré. Le tout m’enveloppait, me transportait.

Sous l’écharpe de nuages blancs de la grande baie vitrée, je m’émerveillais à la vue des haies de genévriers et je m’égaillais aux chants des chardonnerets élégants.

Recouvert d’un cumulus moelleux[2] et voilé par une courtine[3] blanche et vaporeuse, mon lit longeait le seul mur orbe[4] de ma chambre. J’aimais m’y reposer en observant le contraste flatteur des chambranles blanches, des portes blanches, des meubles blancs, des lampes blanches et des pales blanches du plafonnier avec mon royaume bleu azuré.

La nuit venue un événement magique se produisait : fixées aux pales et au plafond, des centaines d’étoiles phosphorescentes prenaient vie. La voûte étoilée de ma chambre se confondait, à travers ma fenêtre, avec l’immensité de la constellation extérieure. J’y observais mes amis : la Grande Ourse et le Petit Cheval, l’Aigle et le Renard, le Taureau et le Corbeau…

Et dans cet univers céleste, doux et sans frontières de mes 10 ans… Je tirais des plans sur la comète[5]

Eh oui ! J’avais peint un vieux plancher de bois avec de la peinture utilisée pour les bateaux et teintée bleu. Un vernis le protégeait des jeux d’enfants.

Quant au billet sur la psychologie des couleurs, il est en route.


[1] Lare : Chez les Romains, Esprit tutélaire chargé de protéger la maison, la cité, les rues. Lares domestiques : les âmes des ancêtres devenues protectrices du foyer.

[2] Cumulus moelleux : sens figuré, couvre lit blanc qui a beaucoup de duvet.

[3] Courtine : rideau de lit.

[4] Mur orbe : qui n’est percé d’aucune ouverture.

[5] Tirer des plans sur la comète : faire des projets chimériques (Des châteaux en Espagne).