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Le lait bouillant et le raisin meurtrier

iStockphoto LP
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J’étais dehors en train de faire des menus travaux avec mon voisin de l’époque, monsieur Joe qui avait 70 ans.  Soudain, l’homme s’arrête,  plisse les yeux et se dirige vers la remise en me faisant signe de le suivre.

Près de la remise, il pointe l’un des quatre coins du toit. Ils étaient tous aigus. Dangereux, répétait monsieur Joe,  suffit qu’un adulte distrait passe en trombe ou qu’un enfant sautille pour que la tête accroche violemment le coin. On n’a pas idée des dégâts que peuvent causer les coins pointus d’un toit. Vaut mieux les arrondir.

J’ai frémi en écoutant monsieur Joe et, aujourd’hui, je repère assez vite les toitures ou autres objets aux coins obtus. J’imagine la douleur que cela doit provoquer. Une lacération peut-être?

Je porte au poignet droit la trace d’une longue brûlure de deux pouces de long. J’étais encore un bébé et ma mère avait laissé une bouteille de lait très chaud sur une marche de l’escalier. Profitant de son inattention, je m’étais lancé dans les marches. Au passage, j’ai accroché la bouteille de lait qui s’est fracassée. Apparemment que j’ai pleuré très, très longtemps.

Plus tard, j’avais mis un stylo dans ma bouche. J’avais la tête au-dessus de l’établi lorsque, pour une raison obscure, je me suis penché. Le stylo a frappé l’établi. Ma tête, elle, avait son erre d’aller. Le palais a tenu le coup mais j’avais l’impression affolante que je l’avais défoncé. J’ai eu la peur de ma vie.

J’ai frémi également en écoutant l’histoire de tante Simone. Elle venait de  prendre sa douche lorsque, se déplaçant dans le bain, ses pieds ont glissé. Non seulement le dos y a goûté, mais elle s’était déchiré la peau du dos sur la base de métal de la porte coulissante. Brrrr!

Journaliste à Laval, mes oreilles ont mainte fois entendu le discours d’un pompier au coeur d’or sur la prévention à la maison. Les friteuses c’est connu, me disait-il, elles sont un danger public. Mais les bougies, elles, tout le monde les trouve romantiques. C’est beau des bougies, mais c’est de la flamme pure! Danger!

Un accident domestique dans mon entourage m’avait littéralement arraché le cœur lorsque j’étais enfant. Un couple que mes parents connaissaient avait perdu leur enfant. L’homme et la femme avaient tourné le dos à l’enfant un bref moment. À leur retour, l’enfant était bleu. Il avait gobé un raisin qui se trouvait dans le panier à fruit sur la table. L’enfant est mort étouffé sous leurs yeux.

Ceux et celles qui lisent régulièrement Casarazzi auront compris que ce billet est la suite du billet d’hier sur la prévention face aux accidents domestiques.

Il faut éviter de tomber dans la paranoïa. Sinon, nous aurions l’air de cette femme que j’ai croisée chez Burger King. Elle avait un p’tit garçon avec elle. Le repas terminé, elle l’amène à la piscine à balles. Elle dépose l’enfant. Aussitôt qu’elle s’éloigne, les autres enfants chargent et les balles pleuvent. Hystérique, la femme ordonne aux enfants de ne plus bouger ou de sortir pour ne pas blesser l’enfant qui l’accompagnait.

Il a fallu l’intervention d’un employé pour lui faire comprendre que la piscine à balles était un endroit public. Si elle ne voulait pas que son enfant soit bousculé, elle n’avait qu’à le retirer de là.

La maison est une piscine à balles. On peut réduire les risques d’accident. Les faire disparaître complètement? Cela relève de l’utopie.

 

Photo: iStockphoto LP