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Laisser ma maison derrière? Jamais!

Un volcan entre en éruption en Indonésie. Il projette dans le ciel des colonnes de cendres qui atteignent autour de 500 mètres de hauteur. Il crache des pierres et des débris qui tombent sur les villages tout autour. La lave chaude s’écoule par les pentes du volcan et atteindra bientôt les maisons isolées et les quartiers résidentiels.

Elle brûlera tout sur son passage. Les couches de cendres sont si épaisses qu’elles bloquent certaines routes.

Bref, c’est l’Apocalypse.

Le gouvernement dépêche des secouristes pour sauver les gens habitant autour du volcan. On les évacue. Mais là-bas, dans la maison tout au fond de la ruelle, il y a encore des gens, dit-on aux secouristes.

iStockphoto
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Les secouristes frappent à la porte. Quitter ma maison, s’indigne le propriétaire? Jamais de la vie! Je reste ici. Les secouristes le supplient de sortir. Il refuse. Il faudra peut-être employer la force.

Ce scénario se répète chaque fois qu’un volcan entre en éruption dans cette région de l’Asie. Même si certains propriétaires voient la fin du monde approcher, l’idée de laisser leur maison derrière est tout simplement insupportable.

On peut comprendre que la maison est toute leur vie et qu’ils n’auront peut-être plus les moyens financiers de s’en payer une nouvelle, mais la mort gratte à la porte! Une mort certaine! Il faut partir si l’on veut vivre. Rester, c’est mourir.

Même phénomène aux Philippines durant la saison des typhons.

Ce côté fascinant de l’être humain se manifeste aussi en temps de guerre. Durant la guerre civile en ex-Yougoslavie (1991-1995), combien de propriétaires ont carrément refusé d’abandonner leur maison!

Les villageois apprennent par des témoins que des actes de barbarie sont perpétrés dans le village voisin : jeunes filles et grands-mères violées, exécutions de masse, torture. Les maisons sont systématiquement incendiées, raconte-t-on.

Première vague de départ.

Puis, le village est bombardé durant quelques heures.

Deuxième vague de départ.

Puis les miliciens chargés de faire peur aux gens en commettant des atrocités entrent dans le village.

Troisième vague de départ.

Mais il reste encore des gens!

Ces propriétaires entendent des cris la nuit. On torture un voisin quelque part dans la rue. Il est évident qu’on frappera à leur porte un jour ou l’autre. Demain, cette nuit peut-être. Les propriétaires ne bougent toujours pas.

Ils attendent «la bête», le dos au mur avec une arme dans les mains. D’autres se cachent dans un bois ou une grotte tout près pour ne pas perdre la maison des yeux, et la regagnent aussitôt que la «bête» est partie. D’autres, résignés, subissent docilement les assauts de la «bête»: voies de fait, viol ou départ forcé.

La guerre terminée, plusieurs Yougoslaves avaient avoué que, au grand jamais, ils n’auraient quitté leurs chaumières, quitte à souffrir. Même à mourir.

Regardez autour de vous, vos voisins, vos parents, vos amis. Lesquels d’entre eux risqueraient leur vie et celle de leurs familles pour ne pas abandonner leurs maisons face à la guerre ou aux catastrophes naturelles?

Cela n’a rien à voir avec les propriétaires atteints de la maladie de l’Alzheimer, comme l’histoire que nous avons racontée dans les billets: C’est ma maison! Sortez d’ici! et la suite.