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La maison de votre enfance

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«En regardant en arrière, j’ai le sentiment que notre maison était vraiment la maison du bonheur», écrit Agatha Christie dans son autobiographie au sujet de la maison de son enfance.

Agatha Christie était une grande sensuelle. Elle aimait bien manger, elle était sensible aux odeurs, elle aimait les beaux paysages et les belles maisons.

Toute sa vie elle a transporté la maison de son enfance en elle. Comme nous l’avons déjà vu dans les billets Les huit maison d’Agatha Chritie et Les maisons inspiraient Dame Agatha, elle a été propriétaire d’un tas de maisons, mais aucune d’entre elles n’a réussi à lui faire oublier la maison de son enfance.

La grande dame du roman policier traçait un lien direct entre le bien-être d’une personne et la maison de son enfance. Dans son autobiographie, elle attribue la tristesse sans fin d’une personne qu’elle a connue au fait qu’elle ait été privée d’une enfance heureuse dans la chaleur d’une maison familiale.

Agatha Christie avait-elle raison?

J’ai retrouvé récemment dans mes notes une réflexion de Jane Birkin, chanteuse et actrice britannique, âme-sœur du défunt chanteur français Serge Gainsbourg avec lequel elle a popularisé l’énorme succès Je t’aime moi non plus.

«Récemment, disait-elle, mon frère m’a envoyé une gravure de la ferme où j’ai grandi. Il a écrit en dessous un vers du poète anglais Alfred Housman : «Dans mon cœur souffle de ce lointain pays un air qui tue.» Je me demande si on ne glorifie pas les lieux de notre enfance. Plus tard, on a l’impression que le soleil n’est plus pareil, qu’il est moins chaud, moins jaune, qu’on l’a sali. Et que c’est notre faute parce qu’on a grandi. Le seul passeport pour essayer de retourner dans ce pays perdu, ce sont nos enfants. Par eux, on en retrouve une petite odeur.»

Mme Birkin a-t-elle raison? La maison de notre enfance a-t-elle tendance à perdre de son éclat avec le temps?

La chanteuse française Françoise Hardy chante de façon poignante La maison où j’ai grandi, où elle part à la recherche de la maison de son enfance qui s’est volatilisée sous la construction urbaine : «Quand je me tourne vers mes souvenirs, je revois la maison où j’ai grandi, je revois des tas de choses…» Vous pouvez l’écouter sur Youtube en cliquant ici.

J’ai deux souvenirs précis de la maison de mon enfance en Mauricie. L’un romantique, l’autre terre-à-terre. Commençons par le romantique.

C’est un matin d’été, les oiseaux gazouillent, je saute directement dans mes chaussures à partir du lit, je dévale l’escalier, je passe tout droit à la cuisine, donc au petit déjeuner, je me rue dans la porte moustiquaire qui va claquer d’un moment à l’autre -«Pas si fort les enfants!» de crier ma mère- et je me jette dans l’air frais et la lumière du matin. J’ai fait ça un tas de fois.

Le deuxième souvenir est bassement prosaïque. Mon père avait entrepris de rénover la maison familiale de fond en comble. Une grosse maison de campagne.

Pendant quelques jours, nous avons vécu sans la moitié du plancher. Pour passer à la cuisine, on devait marcher, le dos contre le mur, sur une bande d’à peu près deux pieds de large. Devant nous, un trou béant. C’était le sous-sol. Fallait surtout pas courir.

Ce trou béant, la frayeur que j’avais à le contourner, je ne les ai jamais oubliés.

Je vous reviens demain avec le billet Souvenir attention danger

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