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Fais-moi un barbecue!

 

Il venait de la Colombie. Il était au Canada depuis un an environ. Quand je me suis pointé chez lui, il était en train de déballer un barbecue tout neuf de l’autre côté de la porte patio.

-Je ne savais pas que tu aimais le barbecue, ai-je dit à Carlos, les gens de ton pays aiment ça?

Carlos a levé un regard « full » sarcastique.

-On m’a dit que si je voulais me faire des amis québécois, il me fallait un barbecue. Quand on a barbecue chez soi, les Québécois viennent.

Je n’ai rien trouvé à répondre. Carlos m’avait bouché. Un peu honteux, je le regardais déballer le barbecue.

-Les gars de l’immeuble me disent bonjour, me demandent comment ça va et ils sont très polis. Mais ils ne disent rien d’autre. S’ils voient que j’ai un barbecue, ils vont peut-être venir chez moi. On dit que les Québécois adorent le barbecue.

Et vlan, en pleine face du Québécois que je suis! Carlos ne voulait pas être méchant, mais il avait un tantinet raison.

Pas plus tard que cette semaine, une Française m’a refait le coup de Carlos mais en empruntant un chemin différent. Un chemin plus convivial, moins désespéré.

Elle est au Québec depuis un mois seulement. La semaine dernière, je l’ai invitée à venir casser la croûte chez moi, elle et son chum.

-Tu sais quoi, m’a-t-elle dit jeudi matin dans l’autobus, j’ai parlé à mon ami et nous acceptons ton invitation. Celle d’aller manger chez toi.

Me voyant ravi, elle me fit un long sourire.

-S’il fait assez chaud, on apportera ce qu’il faut pour faire un barbecue.

-Mais je n’ai pas de barbecue chez moi, ai-je répondu.

Elle a écarquillé les yeux.

-Tu n’as pas de barbecue?

J’ai fait signe que non.

-Chez ma famille d’accueil, a-t-elle dit, je n’arrête pas d’en manger! J’adore ça!

Ça a tout l’air que nous, Québécois et Québécoises, nous sommes étiquetés barbecue. Quand on y pense, ce n’est pas surprenant. Beaucoup de familles adeptes du cocooning sont de gros consommateurs de barbecue. Pourquoi se compliquer la vie en organisant des sorties alors qu’on peut rester chez soi à se taper un barbecue entre amis?

Chez nous, nous n’avons pas de barbecue parce que…bof!….c’est pas si bon que ça. Et puis ma blonde craint le barbecue comme la peste. « J’ai toujours peur que ça me saute en pleine face!» Hier, elle m’a servi une observation vraiment judicieuse : « Et puis, le barbecue, c’est une affaire de gars! Ce sont toujours les gars qui s’occupent des barbecues. C’est vrai! Les filles, elles, les regardent faire! »

Pourquoi je vous parle de ça aujourd’hui? Parce que la saison du barbecue a débuté dès mars cette année et que le bureau Santé Canada revient avec ses conseils de prévention. Vous les connaissez sûrement. En gros, s’arranger pour que la viande crue n’entre pas en contact avec les autres aliments; se laver les mains avant et après la manipulation des aliments crus; le hamburger est bien cuit lorsqu’il atteint les 71 degrés Celsius. La couleur de la viande n’est pas un indice suffisant pour savoir si la viande est prête à manger. La viande peut être brune bien avant que toutes les bactéries pathogènes ne soient détruites.

Pour le reste : www.hc-sc.gc.ca/food-aliment.

En fait, ma blonde n’est pas la seule à se méfier des barbecues. Les pompiers aussi les craignent comme la peste.