PUBLICITÉ

Des fermes en ville?

Vous riez? Suivez-moi bien. 

Montréal renferme des gros jardins communautaires, comme on le sait tous. Des potagers pour la plupart. Sous le mouvement écolo qui emporte tout sur son passage, ces jardins sont peut-être appelés à devenir des fermettes au cœur de la ville. Ça n’a aucun sens, direz-vous, et je partage votre opinion. Mais depuis une dizaine d’années, la notion d’agriculture urbaine s’infiltre doucement dans les champs de l’actualité. 

Jusqu’ici, c’est plus amusant qu’autre chose. Mais rappelez-vous Jeff Rubin, le visionnaire canadien, qui crie sur tous les toits que le jour où le prix du pétrole atteindra une proportion démesurée, les gens quitteront les banlieues pour revenir s’installer en ville parce que l’essence sera trop chère. Du même coup, des fermes pousseront tout autour des grandes villes comme Montréal. Certains observateurs du marché immobilier poussent dans le même sens que Rubin et osent affirmer qu’une nouvelle agriculture naîtra. 

Ridicule, direz-vous? Les manchettes de l’actualité ne sont pas d’accord avec vous.

Est-ce que le nom de Mélanie Coates vous dit quelque chose? Jusqu’à l’an dernier, elle était attachée de presse au Royal York à Toronto. Régulièrement, elle montait sur le toit de l’hôtel pour aller récolter le fruit du labeur de 100 000 abeilles. Mélanie Coates était apicultrice.  

C’est que le toit comprenait un jardin d’herbes fines et un petit potager au service du chef de l’hôtel. Voyant les milliers d’insectes voler, il décida d’installer des ruches et de récolter le miel.

Selon un article du Courrier international, ces milliers d’abeilles volent en essaim au-dessus des penthouses et des parcs urbains jusque dans les îles sur le lac Ontario. L’an dernier, elles ont produit 160 kilos de miel au bénéfice des clients de l’hôtel. On le servait avec une assiette de fromages. 

L’expérience a été si concluante que des hôtels ont emboîté le pas à Halifax et à Vancouver. Pourtant, des règlements municipaux interdisaient des ruches urbaines jusqu’à tout récemment.
Dans le East Village à New York, le professeur Andrew Cote grimpe régulièrement sur le toit d’un immeuble pour récolter le miel de 250 ruches. Fermier urbain, l’homme est aussi président de l’Association des apiculteurs de New York. C’est que la Ville a finalement autorisé la pratique de l’apiculture après onze ans d’interdiction. 

Toujours à New York, Eli Zabar, patron d’une épicerie fine, cultive un champ de tomate sur le toit d’un immeuble. De la laitue aussi, des figues, des herbes aromatiques, des betteraves et des framboises. Les serres du toit bénéficient de la chaleur des fours de la boulangerie et de la pâtisserie. 

Étant cultivés sur les lieux, les aliments n’ont pas subi le fléau des pesticides et du transport. Ils sont donc plus frais. À certains moments, un odeur agréable flotte dans le quartier environnant. Les serres et les champs des toits fournissent 50% des produits que l’on retrouve sur les tablettes de l’épicerie. 

Sur d’autres toits de New York, on cultive des courgettes et du basilic. Il y a même des vergers. On parle d’utiliser sous peu les toits des écoles, des hôpitaux et autres bâtiments publics.     

Avez-vous remarqué au Québec le buzz entourant la présence de poules en ville? On réclame le retour des basses-cours en milieu urbain. J’ai récemment rencontré un type de Trois-Rivières qui m’avouait avoir des poules dans sa cour sans savoir si un règlement municipal l’interdisait. Il n’est pas le seul. Beaucoup de citadins élèvent des poules en cachette au pays. Dans d’autres villes ils le font au grand jour, comme à Guelph, à Brampton et même à Victoria en Colombie-Britannique.  

Sans compter la popularité croissante de la culture de plantes dépolluantes en milieu urbain, surtout en Europe.

Il y a toute une marge entre les fermes de Jeff Rubin en périphérie des villes et l’agriculture urbaine….pour le moment.

Chose certaine, je gagerais que certains investisseurs parmi les plus futés lorgnent déjà certains terrains en milieu urbain.

Pour lire mon billet sur Jeff Rubin :  https://espace.canoe.ca/group/proprietesarevenus/blog/view/460482

ou tapez les mots: Les investisseurs écouteront-ils Jeff Rubin?