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Des bouts de maison qui donnent le frisson

Le gars savait quej’avais entrepris des travaux de recherche sur la vie de John Lennon. Il s’avançaet me tendit une pièce brunâtre. «C’est un fragment du toit de la maison d’enfance de Lennon» me dit-il. Surpris, je fixais sans broncher le fragment de deuxpouces carrés. Je ne savais quoi répondre. « Je suis allé à Liverpool avecdes amis, ajouta-t-il, j’ai marché sur les traces des Beatles. »

Il m’expliqua qu’enpassant près de la maison d’enfance de Lennon, il avait vu qu’on était en trainde la restaurer. Il y avait des amoncellements de débris sur le sol. Je supposequ’un ouvrier lui a indiqué un amas en particulier parce que le gars paraissaitvraiment sûr de son affirmation : le fragment brun et au contour brisé provenaitdu toit de la maison de Menlove Avenue à Liverpool, ville natale des Beatles enAngleterre.

Il me donna lefragment en guise de cadeau. Il en avait d’autres chez lui. Pour ne pas lefroisser, j’ai accepté.

Hier, en écrivant lebillet sur la maison d’Anne Frank, j’ai aperçu le fragment du coin de l’œil.Oui, je l’ai toujours. Non, je n’ai rien d’une groupie. J’attends toutsimplement un fan fini de l’ex-Beatle qui se montrera intéressé par le morceau.

Puis, le temps a passéet je me suis rappelé une visite que j’ai effectuée dans l’un des appartementsde Mozart. C’était à Vienne, juste derrière l’incroyable cathédraleSaint-Étienne. Au départ, visiter un appartement où a vécu Mozart a de quoidonner le frisson. En cours de visite, j’ai appris que les plinthes au bas desmurs étaient les moulures d’origine. J’ai froncé les sourcils et j’ai continuéla visite.

Mais je me souvienstrès bien m’être arrêté plus d’une fois dans l’appartement en observant lesplinthes et en me disant : « Les plinthes d’origine! Ces moulures ontvu Mozart, vraiment?  Elles ont entendusa musique, vraiment? Elles l’ont entendu rire et chanter, vraiment? »J’avais honte de mon étonnement, plutôt puéril je l’avoue, mais c’était plusfort que moi. Imaginez! Mozart est mort en 1791! Et les plinthes de sonlogement étaient toujours là!

Entre le fragment dutoit de la maison d’enfance de Lennon et les plinthes de l’appartement deMozart, la distance est courte. Dit autrement : l’admirateur de JohnLennon n’était pas si niaiseux que ça. S’il était, je n’étais pas loin derrière.

Je suppose que ça vousest déjà arrivé. Jamais? Vraiment? Jamais, jamais, jamais? Vous n’avez pas unpeu de sang de groupie dans les veines?

Photo: maison d’enfance de John Lennon (Tripadvisor.fr)