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Coincés dans un logement à Cuba

 

Rien ne va plus entre Ramon et Mirta! Leur bonheur conjugal, semblable à un après-midi de soleil sur le sable blanc d’une plage léchée par les vagues de la mer, a claqué la porte de leur logement. Que calamita! Que faire maintenant?

S’ils vivaient hors de Cuba, Ramon et Mirta n’auraient qu’à divorcer, l’un prenant ses cliques et ses claques et foutant le camp, laissant le logement à l’autre.

Vite, de l’air frais avant que l’on se fasse trop de mal! Rester ensemble serait malsain.

Mais le malheur est que Ramon et Mirta vivent à Cuba! Et au pays de Fidel Castro, pas plus tard que l’an dernier, on estimait le manque de logements à….500 000! Pauvre Ramon! Pauvre Mirta! Où iront-ils?

Vendre le logement? Une loi l’interdit puisque le logement appartient au régime Castro. Se construire une maison? Mais nous sommes en pays communiste voyons! Et puis, avec quel argent?

Il y a bien les parents, les amis, les voisins, mais tous vivent pauvrement, dans des logements minuscules, comme la plupart des Cubains.

En attendant de trouver une solution, Ramon et Mirta doivent cohabiter. Ramon couche sur le lit (macho le monsieur) et Mirta sur le canapé. Ce n’est pas la fin du monde quand même! Et puis, comme les Cubains en général, ils ne paient pas de loyer.

Un jour, la situation se gâte. Comme tous les deux sont de tempérament explosif, Ramon et Mirta finissent par se sauter à la gorge. Les plaintes s’accumulent. La police vient faire son tour pour calmer Ramon et Mirta. Faites un effort, por favor!  Pas si fort, le voisin dort!    

Un beau matin, un ami commun leur apprend que des gens font le troc de logement sur les boulevards de La Havane. Ramon se lance sur le trottoir à la recherche du logement désiré. Et le trouve!

Sauf que le régime Castro, qui approuve chaque déménagement, n’approuve pas celui de Ramon. Décision de l’état, donc irrévocable!

Ramon et Mirta s’enferment donc dans leur logement. Déprimés, ils se mesurent du regard. Dire qu’ils devront s’endurer! Et pour combien de temps encore? Tous les deux songent à la phrase de Jean-Paul Sartre : « L’enfer, c’est les autres! »

Le pire, c’est que l’espérance de vie à Cuba est de 77 ans, peut-être la plus élevée de toute l’Amérique latine, le pays étant reconnu mondialement pour la qualité de ses soins de santé.

On finit par trouver une solution temporaire. Ramon va ériger un mur pour couper le logement en deux. Vu que le logement était déjà petit, Ramon et Mirta trouvent ça dur! Chacun dans son espace, à regarder le mur.

Un beau matin, Ramon et Mirta perdent patience et sautent les plombs. Comme le chante Charlebois : «Il y eut une grande révolution, révolution, révolution, révolution, révolution! Les deux tombèrent du balcon et se cassèrent la colonne.»

Si Ramon et Mirta vivaient aujourd’hui, ils auraient peut-être une petite lueur d’espoir car le régime Castro laisse flotter la possibilité que le Cubain de la rue construise sa propre maison.

Ah oui, j’oubliais! Fidel a bel et bien monté un programme de construction de logements, mais les ouragans des dernières années ont tout saccagé.

(Histoire fictive à partir de coupures de presse et du  témoignage d’un Cubain)

Photo Google