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40 ans dans un «shack» à Cape Cod

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J’ai connu une fille qui se réfugiait la fin de semaine dans une cabane au bout d’un champ, entre les Basses-Laurentides et Laval: St-Janvier, St-Lin, Saint-Anne-des-Plaines, ce coin-là. Elle s’isolait pour écrire un roman. Pas d’eau, pas d’électricité. Juste une table, une chaise et une vieille cabane en bois.

On devine tous et toutes que des sans-abri vivent parfois quelques années dans une cabane. Et qu’entre les années 1900 et 1950 au Québec des travailleurs agricoles étaient logés dans des maisonnettes de bois situées près de l’étable, en plein champ ou dans un boisé.

On s’étonne toujours devant ces gens qui arrivent, par obligation ou par choix, à écouler une partie de leur vie dans une cabane en bois. L’inévitable question s’impose: «Comment font-ils?»

Je me suis posé la question en lisant l’histoire de l’Américain Harry Kemp. L’homme a vécu 40 ans dans un «shack», au milieu des dunes de sable, à Provincetown, ville de Cape Cod. Détrompez-vous, ce n’était pas un ermite. Vagabond dans l’âme, Harry voyageait dès qu’il le pouvait. Il fréquentait la faune artistique de Greenwich Village à New York et vivait en société à Provincetown. Il a même vécu à Paris et connu des écrivains américains de renommée comme John Dos Passos, Sinclair Lewis ou Eugene O’Neil.

Pendant 40 ans, les habitants de Provincetown ont vu cet homme bâti comme un ours déambuler entre le «shack», la mer et la ville. C’est à Cape Cod d’ailleurs que l’homme a rendu son dernier soupir. On l’appelait le poète des dunes.

J’ai vu la photo  du «shack» de Kemp dans un bouquin. Par contre, je n’ai trouvé aucune photo numérique.  Celui qui accompagne le billet ressemble beaucoup à celui de Kemp. Même aspect, même dimension.

Qui est Harry Kemp? Un poète américain qui a vu le jour près d’une gare de triage en Ohio. À 17 ans, il partait sur les mers comme marin. Revenu en Amérique, il traverse les États-Unis en train, suit des cours à l’université du Kansas, publie des poèmes et des textes en prose en voyageant un peu partout. Il aime se faire appeler le poète vagabond. Il était vu comme un héros aux yeux de plusieurs ados américains.

Si vous allez à Provincetown cet été, songez qu’un homme a vécu 40 ans, seul dans ces dunes de sable. D’ailleurs, une rue de la ville porte son nom: Harry Kemp Way.

Références : Wikipedia à l’article anglais Harry Kemp; Republic of Dreams Greenwich Village, the American Bohemia, 1910-1960, Ross Wetzsteon (Harry Kemp devant sa cabane à la page 236)

photo : iStockphoto LP