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La vraie victoire de l’Allemagne

L’Allemagne a impressionné le monde entier avec sa performance au Mondial de soccer. Victoire historique de 7-1 contre le Brésil et victoire en finale contre l’Argentine. Les éloges pleuvaient sur les Allemands. Quelle équipe! Ils sont patients et méthodiques. Peu de fantaisie, mais un jeu efficace.  C’est là que réside le génie de la culture allemande. Le pratique et l’efficace avant l’esthétique.

Mais la plus belle victoire des Allemands reste la réunification des deux Allemagne après la chute du Mur en 1989. Il fallait fusionner deux manières de penser diamétralement opposées: le mode capitaliste et le mode communiste.  Une tâche colossale qui s’achève douloureusement.  Aux yeux de plusieurs, seuls les Allemands pouvaient surmonter l’obstacle grâce à leur culte pour l’efficacité.

Un immeuble symbolise cet exploit légendaire : le palais du Reichstag avec son fameux dôme de verre.

Bâti en 1894, le palais n’était pas esthétiquement une réussite. L’empereur de l’époque le qualifiait même de «cage à singe». En 1933, le palais fut victime d’un incendie criminel. Au nom du retour à l’ordre, Hitler en profita pour imposer sa dictature.

Occupés à préparer la guerre, les Nazis abandonnèrent l’édifice. Les bombardements des Alliés sur Berlin en 1945 abîmèrent davantage le palais. La coupole en verre de l’époque fut détruite.

Érigé en 1961, le mur se dressait juste un pied de l’immeuble. Ce sera comme ça pendant 28 ans. Dans l’intervalle, les Allemands de l’Ouest rénovèrent partiellement le palais pour en faire un simple édifice à bureau.

Novembre 1989, le mur tombe. Que fait-on? Le palais redeviendra-t-il le siège du gouvernement? Faut-il reconstruire l’ancienne coupole? Un débat fait rage. En juin 1995, l’artiste Christo réussit à convaincre les autorités d’emballer le palais dans un gros sac ficelé évoquant le costume blanc du légendaire Pierrot. Le palais sera habillé pendant deux semaines. L’objectif: symboliser la réunification des deux Allemagnes.

Dérisoire aux yeux de plusieurs, l’initiative de l’artiste conduisit les Allemands à un consensus: il faut en finir une fois pour toutes avec le vieux Reichstag et implanter un symbole permanent de la réunification.

Un concours est lancé. Le gouvernement de l’époque a retenu le projet de l’architecte britannique Norman Foster, soit la construction d’un gigantesque dôme de verre à l’intérieur duquel on peut contempler le tout Berlin réuni, peu importe la direction où porte le regard. Une double rampe en spirale conduit le visiteur au sommet, à 23 mètres de la plate-forme.

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Grâce à l’immense cône de verre concentrant la lumière du jour au centre du dôme, le visiteur voit sous ses pieds les députés allemands débattre au sein du nouveau parlement, dix mètres plus bas, la reconstruction de l’intérieur du palais ayant permis le retour du siège du gouvernement. Sentez-vous l’obsession de la transparence exprimée maintes fois par les politiciens?

Selon la version officielle, la superposition des paliers est destinée à faire comprendre aux Allemands et aux touristes que le peuple allemand se situe au-dessus des députés, ces derniers étant soumis à la volonté du peuple.  Ce qui n’était pas le cas durant les années nazies ou celles de la domination communiste.

Le complexe  montre une fois de plus la dynamique esthétique générée par la fusion d’un bâtiment antique avec un édifice contemporain, soit le palais de style néo-classique avec le dôme de verre . Le contraste du vieux et du neuf opère de nouveau sa magie.

De l’avis général, c’est un succès car les Berlinois se montrent fiers de leur dôme et les millions de touristes ne tarissent pas d’éloges à son endroit.

 

Photos : iStockphoto LP

Références:
Wikipedia français à l’article Le palais du Reichstag

Wikipedia anglais à l’article Reichstag Dome

National Geographic, Les guides de voyage, Berlin, 2007, 271 pages

Berlin, art et architecture, H.F. Ullman, 2013, 431 pages

Berlin, architectures, 1230-2008, Gerrit Engel, 2009, 234 pages

L’art de vivre à Berlin, Barbara Sichtermann, Ingo Rose, 223 pages Flammarion, 2001

Notes de voyage de Casarazzi