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Mort au bleu lavande!

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Vous l’avez deviné: c’est un deuxième – et dernier-  billet inspiré d’un chapitre du livre Petit traité d’intolérance de Charb, journaliste et dessinateur satirique français et directeur de publication à l’hebdomadaire Charlie Hebdo.

Pas besoin d’habiter la France pour savoir que les prix des terrains sont beaucoup plus élevés dans le sud du pays que dans le nord. Température chaude, la mer, les plages. La Côte d’Azur finalement. Ceci explique cela. On imagine combien la valeur des terrains et des propriétés doit être exorbitante.

Ce qui fait dire à notre ami Charb: «Dans cette région, toute bouse de vache sur laquelle il est possible de planter un piquet de toile de tente devient un terrain hors de prix.»

Le propos de Charb par contre porte sur les excès de la spéculation immobilière. Si bien que les campagnes publicitaires tombent parfois dans le ridicule. On le voit au Québec lorsque certains promoteurs s’adressent aux gens du troisième âge: publicité télé, panneaux publicitaires, annonces dans les journaux. C’est tellement léché qu’on a le goût de détaler au lieu de franchir la porte.

Charb, lui, ne peut plus supporter un réflexe adopté par les habitants de la Provence. «Traversez la Provence et observez la couleur dont on a peint les volets de neuf baraques sur dix: ils sont bleus, MAIS… bleu lavande. On a l’impression que toute la population s’est ruée en même temps chez Leroy Merlin pour commander le même ton», dénonce-t-il.

Après avoir signalé que le bleu lavande des volets n’est pas tout à fait celui des champs, Charb écrit:«On a voulu que ça «fasse» lavande non pas dans le simple but de faire joli (c’est raté) mais pour rappeler au touriste qu’il est en Provence. Il faut justifier les prix de l’immobilier. Il ne faut pas que le Hollandais ni le Parisien doute un seul instant qu’il est en Provence, sinon, il sera réticent à sortir son fric. Les volets bleu lavande, c’est le papier tue-mouches adapté aux touristes.»

Voilà pour la pause humour, le temps de deux billets. Le titre du précédent étant : Mort aux décorateurs de restos.
Pour les amateurs de satire, sachez que Charb aborde plusieurs travers des Français et des Françaises qui, bien souvent, recoupent ceux des Québécois et des Québécoises : les jeunes pères, les mal rasés, ceux qui rentrent de l’Inde, les dessins d’enfants au bureau, les festivals, les doudous, les verres mal rincés. Et les pubis à la française,

Même la moustache de Bachar Al-Assad y passe.

Référence: Petit trait d’intolérance, Charb, éditions Les Échappés, 2009,  125 pages

Photo : iStockphoto LP