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L’aéroport était son chez soi

 

J’ai souvent entendu la phrase: « J’aime tellement les aéroports que j’y passerais ma vie! »

Beaucoup d’entre nous ont vu le film Terminal de Steven Spielberg, filmé à l’aéroport Mirabel et mettant en vedette Tom Hanks et Catherine Zéta-Jones. Mais peut-être ignorez-vous  que l’histoire est réelle.

L’homme s’appelle Mehran Karimi Nasseri et est Iranien (photo ci-haut). Il a eu le privilège (ou la malchance) de vivre dans l’ambiance d’un aéroport pendant 18 ans. C’est fou quand on y pense! Tous les petits gestes quotidiens : faire sa toilette, manger trois fois par jour, dormir, regarder la télévision, s’accomplissaient au milieu de hordes de voyageurs, d’appels à l’embarquement, d’adieux déchirants, d’accolades de retrouvailles, de tableaux affichant les heures des départs et des arrivées.  Pendant 18 ans! Sans avoir la moindre facture à payer!

Mehran Karimi Nasseri a logé à l’aéroport Charles de Gaulle en France du 8 août 1988 à juillet 2006. Il aurait pu y rester encore longtemps si sa santé, longtemps négligée, ne l’avait pas rattrapé. Il avait 46 ans à son arrivée, 64 à son départ! Durant son séjour, cinq premiers ministres se sont succédés au Québec (Robert Bourassa, Jacques Parizeau, Lucien Bouchard, Bernard Landry et Jean Charest) deux au Canada (Mulroney et Chrétien) et  quatre présidents à la Maison-Blanche (Ronald Reagan, George Bush père, Bill Clinton, George Bush fils).  

Durant ses 18 ans, il a vu le monde se transformer deux fois : après la chute du communisme en 1990 et après les attentats de septembre 2001. Il était toujours là quand la guerre a débuté en Afghanistan et en Irak.    

Selon Wikipedia,  Mehran Karimi Nasseri  a été expulsé de l’Iran en 1977 pour avoir gueulé contre le gouvernement de son pays. Après une longue bataille juridique, il obtint le statut de réfugié accordé par l’ONU.  En route vers la Grande-Bretagne, son pays d’accueil, il se fit voler ses papiers d’identité lors d’une escale en France. Sans passeport, il se fit virer à la douane britannique et s’établit temporairement au terminal numéro un de l’aéroport Charles de Gaulle, un imbroglio juridique le clouant sur place. En langage populaire, l’homme était tombé entre deux chaises.     

Mehran Karimi Nasseri  vivrait actuellement dans un abri communautaire à Paris. Vous voulez en savoir plus? L’homme a publié son autobiographie, The Terminal Man.  Sinon, rabattez-vous sur Wikipedia.  

Récemment, l’écrivain Alain de Botton, muni de son portable, a résidé pendant une semaine à l’aéroport d’Heathrow à Londres à la suite d’une invitation. Installé au terminal 5, il a emmagasiné de l’inspiration pour un bouquin qui sortira en septembre:

A Week At The Airport: A Heathrow Diary. Cette histoire m’a rappelé celle de l’Iranien Mehran Karimi Nasseri.