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La bataille des loyers

Québec déposera son budget mardi. Les groupes de défense des locataires l’attendent de pied ferme. Déjà ils ont manifesté. Déjà les pancartes ont fendu l’air. Déjà ils ont crié qu’ils voulaient des loyers plus abordables pour les moins nantis. Ils ont manifesté devant les bureaux de Jean Charest, du ministre des Finances Raymond Bachand et du ministre responsable de l’Habitation Laurent Lessard. C’était en février, une initiative du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FAPRU).

L’organisme réclamait le financement de 50 000 logements sociaux en cinq ans sous la forme de HLM, de coopératives d’habitation et de logements sans but lucratif. Il exigeait aussi la poursuite du programme AccèsLogis pour cinq ans à raison d’un minimum de 3000 nouvelles unités par année, pour un total de 15 000 nouveaux logements sociaux. Et pas question que le ministre Bachand évoque le déficit galopant comme excuse!  

Le FAPRU rappelle qu’en 2006, un total de 203 000 ménages québécois consacrait la moitié de leur revenu au paiement du loyer, quitte à couper dans la bouffe. Il rappelle que le nombre de causes reliées au non-paiement de loyer à la Régie du logement a augmenté de 17,2% depuis le début des années 2000 « pour atteindre un chiffre record de 46 818 en 2008-2009 ». Le locataire écope toujours puisqu’il se fait montrer la porte. Une fois dans la rue, il ne parvient pas à trouver un autre toit. Donc, le droit au logement est bafoué. Quand la Régie du logement a fait connaître son taux directeur en février,  les associations de propriétaires se sont moquées de sa méthode de fixation de loyer, jugée désuète et responsable de leurs problèmes financiers.

Plus tard, le Regroupement des comités logement et associations des locataires du Québec (RCLALQ) a publiquement rebaptisé la Régie du logement par l’expression « La Régie du lentement » pour se plaindre du délai d’attente qui dépasse souvent la durée d’un bail, alors qu’en 2003 toutes les causes étaient entendues en moins de trois mois.  

Fin février, l’Association des propriétaires du Québec (APQ) rappelait aux groupes de défense de locataires que c’est au Québec que se trouvent les loyers les plus bas du Canada. Citant des chiffres de la Société canadienne d’hypothèque et de logements (SCHL), l’APQ apportait des exemples : 518 $ dans les villes du Saguenay, 520$ à Trois-Rivières, 553 $ à Sherbrooke,  669$ à Montréal et 676$ à Québec. À titre comparatif, c’est 1096$ à Toronto.  

« L’indicateur de l’abordabilité pour Montréal en 2009 est d’ailleurs en hausse à 142 selon la SCHL, si on le compare à un indice de 91 pour Toronto et 98 pour Vancouver », ajoutait l’APQ. « Cet indice mesure le taux d’effort requis pour se procurer un logement au Canada. Plus il est élevé, plus le logement est abordable pour le locataire.»

L’APQ déplore le fait que les propriétaires passent pour des méchants lorsqu’ils doivent hausser les loyers à cause de l’augmentation des taxes municipales. 

Et puis, poursuit l’APQ, « Construire des logements sociaux n’est pas la solution, nous avons déjà les logements les plus abordables au Canada! Il faut aider, dans les cas requis, les locataires financièrement. Nous devons favoriser l’aide à la personne et non à la pierre.»

Tout le monde attend avec impatience le budget de mardi prochain.