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Graceland: le château d’Elvis

Dimanche 16 août, ils seront des milliers à s’agglutiner autour de Graceland pour rendre hommage à Elvis, le roi du rock and roll. Située au cœur de Memphis, la propriété de prestige est la résidence la plus visitée aux Etats-Unis, si on exclut la Maison Blanche. Les admirateurs du monde entier viennent se recueillir sur la dépouille du King après avoir visité le « musée » de Graceland.   Devenu subitement une vedette hors norme, et millionnaire avec son classique Heartbreak Hotel, Elvis avait acheté cette maison en 1957 à l’âge de 22 ans pour se donner un semblant de vie privée ainsi qu’un abri à ses parents pourchassés par les fans. Prix : 100 000$.  C’était beaucoup d’argent à l’époque.Pour vous donner une idée de la valeur galopante de la maison à travers les années, quand Elvis s’est effondré dans la salle de bain vingt ans plus tard, en 1977, les frais d’entretien, à eux seuls, coûtaient 500 000$ par année. La fortune de la famille Presley fondait à vue d’oeil jusqu’au moment où la résidence fut transformée en musée en 1982. Depuis, Graceland accueille 600 000 visiteurs par année pour un total de 15 millions.   

La résidence comprend 23 pièces dont 8 chambres et autant de salles de bain. En guise de comparaison, selon Le Journal de Montréal, la résidence la plus grande de Montréal (peut-être du Québec), située chemin Dutour à l’île Bizard, comprend 20 pièces dont 7 chambres à coucher et 8 salles de bain. Elle est à vendre pour 7,5 millions $. Autre référence : le manoir de Pauline Marois comprend 28 pièces dont 8 chambres à coucher et 10 salles de bain. Elle demande 8 millions $. Quant à Graceland, je n’ai rien trouvé sur sa valeur actuelle.

J’ai visité Graceland au milieu des années 90. Je me souviens un brin. La couleur ocre du mur extérieur se détache derrière deux gros lions en pierre et de larges colonnes blanches. Dès l’entrée, on met le pied dans la pièce réservée à la musique puisque l’on fait face à un grand piano. Au-dessus de notre tête, la chambre de bain où Elvis a été trouvé mort. Elle était fermée aux visiteurs. Tout comme sa chambre d’ailleurs. En fait, tout l’étage était fermé.    

Je me rappelle de la pièce aux trois écrans télé encastrés qu’Elvis pouvait visionner en même temps. Il y avait aussi la pièce qui évoquait la jungle. On dit qu’Elvis y aurait enregistré son dernier album. Je me souviens des tables de billard, un bar, une peau de léopard, des costumes de scène, des trophées, des disques d’or, des photos. Dans la cour arrière, il y avait une espèce de hangar où, de mémoire, on pouvait contempler les voitures d’Elvis. Derrière le hangar, un champ où broutaient des chevaux. Juste avant de sortir, la piscine de dimension modeste et le mausolée.     

Je me souviens de m’être dit à la sortie: « Ouais, c’est plutôt kitsch! » En fait, la déco intérieure de Graceland reflète le génie propre d’Elvis : un sens inédit du tape-à-l’œil et du spectacle. Au-delà de ça, c’est plutôt pauvre. Le biographe Albert Goldman, quoique critiqué, a comparé Graceland à un bordel de la New Orleans, mais en plus luxueux. Je suis allé à New Orleans, mais je n’ai pas mis les pieds dans un bordel, donc peux pas vous dire. N’empêche : la comparaison de Goldman me paraît un tantinet exagérée.    

Elvis se sentait si bien chez lui que, pour éviter d’être dépaysé, il faisait parfois réaménager les chambres d’hôtel en fonction de celles de Graceland au moment d’une tournée. On dit aussi qu’une partie de l’ameublement le suivait.

J’aime imaginer Elvis, marchant dans le jardin de Graceland, en train de penser à la cabane construite par son père et dans laquelle il a vu le jour (voir billet ci-dessous section Maisons et condos). Elvis était fier de son domaine! D’ailleurs, il aimait raconter que la Maison Blanche avait songé à faire visiter Graceland au secrétaire soviétique Nikita Khroutchev pour lui montrer la grandeur du self-made man américain. Mais son destin de prince de la musique le déroutait puisqu’il demandait parfois à sa femme : « Pourquoi ça m’est arrivé à moi et pas à quelqu’un d’autre? »

N’en déplaise à Elvis, en observant sa résidence de près, on se rend compte que Graceland est davantage un manoir qu’un palais (comme je l’ai écrit dans le dernier billet) comparativement à la dernière maison de Michael Jackson. Ci-dessous, pour le plaisir de comparer, on aperçoit la baraque où Elvis est né et le palais de Michael Jackson.