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Courtier immobilier: un métier mal connu

iStockphoto LP
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Le jeu de Patrick Huard dans la peau d’un courtier immobilier du premier film de la série Les Boys est resté légendaire au Québec. C’est une caricature évidemment, mais elle reflète bien le travail du courtier face à un acheteur éventuel.

Le métier de courtier immobilier a plus ou moins bonne presse au Québec. Il ne figure ni parmi les pires métiers, ni parmi les mieux comme le montrent les sondages menés auprès de la population sur les différentes professions : journaliste, politiciens, avocats, agents immobiliers, etc. Autrement dit, la perception des gens du courtier immobilier est tiède.

Les courtiers d’ici seront heureux d’apprendre que la situation n’est pas propre au Québec. C’est le cas aussi en France. Et Loïc Bonneval d’écrire cette phrase lourde de sens: «Une profession critiquée, mais enviée.»

Pourquoi le métier de courtier immobilier est-il parfois mal vu? Parce qu’il est mal connu, avance M. Bonneval. Qui est Loïc Bonneval?  Il est sociologue et maître de conférences en France. Son mémoire de thèse s’intitulait : Les agents immobiliers : place et rôle des intermédiaires  sur les marchés du logement.

Ce chercheur universitaire spécialisé dans l’immobilier publiait l’an dernier Être agent immobilier, ouvrage dans lequel il décortique le métier pour le grand public et, bien sûr, pour les agents eux-mêmes (notez qu’en France on dit toujours agent immobilier au lieu de courtier immobilier comme au Québec).

M. Bonneval fait vraiment le tour de la question comme en témoignent les sous-titres de l’ouvrage:  les contraintes du métier, la formation,  comment débuter dans le métier,  le travail quotidien de l’agent, comment les agents vivent de leur métier, les perspectives d’avenir.

«C’est un métier d’avenir, écrit M. Bonneval, la moitié des ventes se fait entre particuliers: vous en connaissez beaucoup des professions où il reste 50% de parts de marché à conquérir?»

Le chercheur déboulonne un mythe : non, ce n’est pas vrai que le courtier immobilier gagne beaucoup, beaucoup, beaucoup d’argent de façon relativement facile. Au contraire, les contraintes sont nombreuses: vie familiale compromise, 50 heures de travail minimum par semaine,  clients parfois ingrats, des soirées à bûcher parfois pour rien, défrichement de longue haleine chez le débutant avant de gagner un seul sou.

On oublie souvent que le courtier immobilier est à la merci du marché. Les années sont tantôt faciles, tantôt difficiles. Si le courtier ne sait pas s’adapter, sa vie se transformera en montagnes russes. Il a intérêt à adopter l’attitude de la fourmi et non de la cigale en sachant épargner. Les plus forts sont ceux qui s’adaptent, disait Darwin.

M. Bonneval aborde un aspect peu connu du travail du courtier : sa relation avec le client. Il n’a pas le choix d’établir une relation plutôt intime et dans un laps de temps rapide. Il faut savoir faire preuve de tact car l’acheteur se prépare à dépenser la plus grosse somme de sa vie. Un geste qui peut troubler son sommeil. Pire: lui arracher le cœur.

Autre défi peu connu du courtier: aider l’acheteur à se projeter dans le logement qu’il convoite. Bref, M. Bonneval met la hache dans plusieurs préjugés face au courtier immobilier. Et voilà que notre perception du personnage de Patrick Huard se modifie tout à coup!

Un bouquin destiné au grand public, aux professionnels de l’immobilier et à ceux qui les côtoient.

Référence :
Être agent immobilier, Loïc Bonneval, éditions Lieux Dits, 2013, 119 pages

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