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La chance qu’on a!

C’était notre rituel hebdomadaire. On s’assoyait tous devant l’écran et on regardait Game of Thrones.

Ma conjointe jurait souvent que c’était le dernier épisode qu’elle regardait. Trop violent, disait-elle. De la difficulté à s’endormir le soir, disait-elle. Puis, dans les jours suivants: «Quand est-ce qu’on écoute Game of Thrones

La série était excellente. L’auteur savait nous surprendre  et l’on s’attachait aux personnages.

Mais il y avait plus.

Game of Thrones, c’est la loi du plus fort physiquement, la loi du plus cruel, la loi du plus sournois, la loi de celui ou de celle qui manipule sans aucun scrupule.  On tue, on viole, on massacre.

Et les maisons flambent!

Observez le contraste. 

C’est dans le plus grand des conforts que nous regardons Game of Thrones, la violence, la guerre, la loi du plus fort. On fait quoi ensuite? Nous consultons nos courriels et nos textos, nous mangeons un morceau, nous allons faire dodo. La grosse vie sale!

Se faire attaquer pendant la nuit? Vous voulez rire! Fini ce temps-là!  Une fois au lit, on songe à l’avenir que l’on construit et on finit par s’endormir.

Les priorités sont différentes aujourd’hui: on travaille au développement de l’être humain, à l’avancement de la science, à la diminution des douleurs physiques et mentales. Nous avons la chance inouïe de choisir notre mode de vie et de l’améliorer.
Heureusement que cet âge sombre est terminé, qu’on se dit en regardant Game of Thrones. La barbarie appartient à un autre âge.

Faux!

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Au Nigéria, des maisons sont brûlées chaque semaine par une bande de barbares appelée Boko Haram. Des propriétaires voient leurs maisons flamber par dizaines. Filles et femmes se font violer dans leurs propres maisons. Ou se font kidnapper pour servir comme esclaves sexuelles.

Que fait-on au Québec? On bêche paisiblement dans le jardin, on rénove le sous-sol, on s’attarde sur le bord de la piscine ou près d’un barbecue.

En Irak, des djihadistes détruisent des maisons semaine après semaine. À Bagdad, les gens se terrent dans leurs maisons car les djihadistes, réputés parmi les plus cruels de la planète,  se rapprochent de la ville jour après jour.

Que fait-on au Québec? On joue à un jeu vidéo, on refait la salle de bain,  on trace des plans pour la construction d’une nouvelle maison.

Au Honduras, au Salvador, au Mexique, des cartels de drogue puissants  ou des gangs de rues menacent des familles entières: invasions à domicile, maisons incendiées, viols, têtes décapitées, kidnappings, souvent sur le terrain des propriétaires.

Que fait-on au Québec? On tond tranquillement le gazon au chalet, on cultive des fleurs et on lave l’auto dans l’entrée du garage.

En Afghanistan et au Pakistan, les talibans ne donnent pas leur place.

Je regardais Game of Thrones lorsque j’ai dit à ma conjointe: «Es-tu consciente de la chance qu’on a?»

Loin de la violence gratuite, on choisit notre mode de vie à domicile: musique, jardinage, cinéma-maison, jeux vidéo, observation d’oiseaux.

Quelle est la différence entre l’univers de Game of Thrones et le nôtre? La société de droit avec ses avocats, ses lois et ses juges, le pouvoir judiciaire séparé du pouvoir politique, le refus de la vengeance, le refus de la justice personnelle, la fin de l’époque œil pour œil dent pour dent.

Sinon, comment pourrions-nous bâtir autant, rénover autant, décorer autant, vivre aussi pleinement?