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Un chalet qui fait jaser

Une fille d’origine asiatique s’installe dans les marches. Elle se fait prendre en photo, juste devant le bâtiment de pierre. Un peu plus loin, une selfie s’en donne à cœur joie. Clic, clic, clic. Le belvédère grouille de monde.

Intérieur du Chalet du Mont-Royal. Wikipedia
Intérieur du Chalet du Mont-Royal. Wikipedia

À l’intérieur, un homme d’âge mur prend sa femme par le coude et lui fait faire le tour. Il s’arrête devant chaque tableau historique et prend le temps de lui expliquer le contenu de l’œuvre d’art. Pendant ce temps, une femme coiffée d’un hijab sourit en jetant un regard circulaire, puis vers le plafond. Les arches l’intriguent.

Un enfant agrippe la manche de sa mère et pointe le doigt vers le haut. «Regarde maman des écureuils géants!» Un Amérindien pose son appareil photo sur un trépied et commence à balayer tout l’espace. Les touristes rentrent les uns après les autres. Ils sourient, ils font les cent pas, ils photographient.

On entend parler chinois, japonais, allemand, russe, espagnol, arabe et bien d’autres langues. Je le sais: je vais au chalet une fois par semaine en moyenne.

Y a-t-il à Montréal un immeuble plus photographié que le chalet du Mont Royal, en excluant le Stade olympique? Il ne se passe pas une journée, ou presque, sans qu’on le prenne en photo, à l’intérieur comme à l’extérieur. Des gens d’ici, des gens d’ailleurs. À ce rythme, on peut présumer que des photos du chalet de la montagne dorment un peu partout dans le monde. Téléphones intelligents, ordinateurs, albums à photos.

D’autres immeubles sont prisés des touristes à Montréal, bien sûr, mais sachez que le chalet est ouvert sept jours sur sept, de 8h à 20h30, ce qui en fait l’édifice le plus accessible à Montréal en termes d’heures d’ouverture.

Dans une salle à l’arrière du chalet, photos et plans racontent la transformation du bâtiment et de son environnement depuis la fin des années 1800. Saviez-vous que le chalet de la montagne avait été bâti pour relancer l’économie lors de la Grande Dépression? C’était sous le règne du maire Camillien Houde.

Chalet du Mont-Royal. Photo Wikipedia Dickbauch
Chalet du Mont-Royal. Photo Wikipedia Dickbauch

L’édifice de pierre s’allonge devant un belvédère qui déroule son tapis de granit jusqu’à la falaise. Des porte-fenêtre à quatre ventaux donnent accès à la salle des pas perdus, vaste pièce où se superposent marbre et granit. Une grande cheminée se dresse derrière une rangée de fauteuils.

Revenons aux écureuils géants. On en compte 34 et ils sont tous en bois sculpté. Suffit de lever le regard pour les apercevoir.  Quant aux tableaux, ils relatent la découverte de Montréal. Les artistes subissant aussi les contrecoups de la Crise économique de 1929, l’architecte Aristide Beaugrand-Champagne avait eu la brillante idée de commander onze tableaux. Les connaisseurs vont repérer un Marc-Aurèle Fortin à l’extrémité de la salle.

Avis aux Montréalais et Montréalaises et aux touristes: le chalet sert de refuge aux sportifs en toute saison: raquette, ski de fond, vélos, course à pied. Si vous avez congé pendant la période des fêtes, pourquoi ne pas découvrir le chalet du Mont-Royal? Vous aurez l’occasion de vous réchauffer les pieds devant le foyer.

J’ai rencontré une Montréalaise qui n’a jamais mis les pieds au chalet. Pourtant, elle ne reste qu’à 20 minutes en auto de la montagne.

Ce qu’elle manque cette madame? En guise de réponse, je vais citer une actrice québécoise bien connue qui, croisée tôt le matin sur les marches du chalet, s’est exclamée en ouvrant les bras sur une ville baignant dans la brume d’hiver: «Maudit que c’est beau!»

Photos : -intérieur du Chalet du Mont-Royal : Wikipedia Creative Commons Attribution-Share Alike Concierge.2c

-extérieur du Chalet du Mont-Royal : Wikipedia Creative Commons Attribution-Share Alike Dickbauch