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Le bonheur d’avoir un chez soi

Mon fils aura bientôt 25 ans. Il loue une copropriété avec moi, ma conjointe et la fille de ma conjointe. La cohabitation dure depuis dix-huit mois.

iStockphoto
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Après le départ de chez sa mère, mon fils a vécu près de trois ans en appartement avec d’autres jeunes avant de venir nous rejoindre. Il n’a donc jamais vécu seul.

Mon fils n’est pas matérialiste. Il possède peu de choses, hormis son ordinateur, un matelas, deux bibliothèques minuscules, une petite table de chevet et une table à dessin. Sa vie se passe entre l’emploi à temps partiel, l’université, les amis et le jeu vidéo.

Durant le temps des fêtes, un voisin nous a demandé si on pouvait garder ses deux chats pendant une semaine. Ma conjointe a dit oui. Mon fils, qui adore les chats, a pris la relève. Je l’ai accompagné deux fois chez le voisin. Une surprise m’attendait.

«Papa, as-tu vu le bureau? C’est ça que je veux avoir!» Le bureau est situé sur une mezzanine avec vue plongeante sur la rue et porte latérale menant à une terrasse privée.

«Papa, as-tu vu la bibliothèque? C’est ça que je voudrais!» Une grande bibliothèque entoure le bureau et couvre un mur complet. Elle est dotée de portes vitrées et le bois est d’un beau brun foncé. Un magnifique secrétaire au bois identique se trouve à côté du bureau.

«Papa, tu vois la grandeur du logement? C’est ça qu’il me faut. Pas trop grand, pas trop petit.» Une chambre, une cuisine laboratoire et un salon, salle à dîner et mezzanine à aires ouvertes.

Pour la première fois de sa vie, mon fils ressent le bonheur d’avoir un logement propre à soi. Juste avant Noël, il m’avait dit: «Papa, il se peut que je parte seul en appartement en juin prochain.» Je vais attendre qu’il fasse le calcul des factures et du loyer avant de le croire. Montréal, ce n’est ni Shawinigan ni Trois-Rivières.

Ayant un faible pour la décoration, la fille de ma conjointe trouve la cohabitation plutôt contraignante. Comme nous sommes quatre, il faut accepter que chacun d’entre nous expose des objets ou accessoires qu’il veut mettre en valeur. C’est le principe de la tolérance.

Pour la fille de ma conjointe, l’effort est pénible. S’il devient insupportable, elle va subtilement dissimuler un objet qu’elle n’apprécie guère derrière un autre objet qu’elle juge plus esthétique. Parfois, elle le fait carrément disparaître. Elle s’est commise plusieurs fois depuis dix-huit mois.

Ma conjointe, elle, trouve la cohabitation difficile car la profondeur de notre intimité n’est plus la même depuis dix-huit mois. La cohabitation n’est que temporaire, elle le sait, mais quand même! Et les travaux ménagers ne se font pas aussi souvent qu’elle le voudrait.

Trois mois après mon départ du logis familial, il y a de ça très longtemps, ma mère est venue me rendre visite. Voyant mon lit défait, elle s’est écriée : «Mais je ne t’ai pas élevé comme ça!» Et moi de lui répondre: «Mais je suis chez moi maintenant!»

Un père de famille m’a dit un jour que, même s’il aimait son fils, il avait hâte qu’il quitte le logis familial. Et le fautif, ce n’était pas le fils, mais le père. «Quand je place un objet à un point précis et que mon fils l’utilise et le remet ailleurs, ça m’énerve. Je le remets à sa place précise.»

Le bonheur d’avoir un chez soi où l’on est totalement soi-même est incomparable. Un seul hic, comme m’a déjà dit une femme : «Quand tu visites quelqu’un, tu quittes à l’heure que tu veux. Quand tu reçois et que tu es fatigué, tu dois attendre que la visite parte.»